Beyrouth-sur-Seine
de Sabyl Ghoussoub
***+
Prix Goncourt des Lycéens 2022
Sabyl Ghoussoub est né en 1988 à Paris dans une famille libanaise. Il souligne que l'émigration libanaise à Paris a été importante, d'où le titre en forme de boutade mais qui, dit-il, circulait vraiment dans son quartier : Dans cet ouvrage, il entreprend de faire raconter à ses parents leurs souvenirs de leur vie au Liban. Cela s’avérera être une entreprise ardue puisqu'il procède sans vraie méthode, parce que ses parents rechignent à s'y prêter et parce qu'il apparaît immédiatement que leurs souvenirs divergent au point qu'on ne peut plus être sûr de rien. On devine qu’il y a d’énormes non-dits. Ajoutez à cela que les faits évoqués ne suivent aucun ordre et que l'on fait des bonds avant et arrière dans le temps. Il faut dire que là, rien n’est simple :
« La vie de mes parents, c’est comme la guerre du Liban. Plus je m’y plonge, moins j’y comprends quelque chose. J’arrive à situer les protagonistes, quelques moments marquants me restent, puis, ensuite, je me perds. Trop de dates, d’événements, de trous, de silences, de contradictions. Parfois, je me demande si cela m’intéresse vraiment d’y comprendre quelque chose. Finalement, à quoi bon ? Qu’est-ce que cela m’apporterait de plus de tout savoir, tout comprendre, tout analyser ? Rien, je crois fondamentalement que je n’y gagnerai rien, à la limite je perdrais mon temps. »
Vous comprendrez que si vous espérez saisir un peu la situation historique et politique au Liban, il vaudrait mieux chercher un autre livre. On est plutôt ici sur le plan sentimental et anecdotique.
Les parents parlent donc de leur vie à Beyrouth et de leurs familles. On est stupéfait d'entendre parler des cousins qui ont massacré des familles, enfants compris pour des idées (nébuleuses). Elles doivent donc être bien importantes pour eux, ces idées, au point de leur faire perdre la raison, se dit-on. Eh bien non, parce qu'ils sont également prêts dans le même temps à accorder tous les passe-droit à des proches. Donc en fait, ils massacrent parce que la vie de gens qui ne sont pas des leurs n'a aucune valeur à leurs yeux. Ils sont incapables d'empathie un peu élargie. La définition même du sociopathe à mon avis, mais sociopathes, ils sont nombreux à l'être. Et ce que je vous dis-là, ce sont les réflexions que je me suis faites, car l'auteur, lui, n'approfondit jamais rien, ne fait pas de recherches, accepte sans difficulté d'abandonner tout sujet délicat sans interroger davantage ses parents. Il se cantonne strictement au relevé d'anecdotes, de souvenirs mais n’interprète jamais, ne commente pratiquement pas, même s’il est quand même choqué par le cousin. De même pour ce qui est des exilés et du fossé qui s’élargit avec le pays natal. C’est évoqué, mais pas creusé. L’ensemble n'a donc pas une grande valeur documentaire.
C'est une chronique familiale plutôt qu'un livre sur le Liban. Si ce n'est qu'on sent bien que la paix ne progresse pas d'un pas. J’ai écouté ce livre en livre-audio, lu par l’auteur, ce qui me permet de connaître maintenant le son de sa voix. Il apparaît ici comme un homme jeune, gentil, bon fils, bien élevé et ne heurtant personne. Tout le monde doit bien l'aimer. Il ne prête pas à polémique. On peut comprendre que des lycéens se soient laissé séduire car cette vision sentimentale, familiale et anecdotique correspond bien à leur âge. Le lecteur plus âgé risque cependant de ne pas y trouver son compte.
4ème de couverture :
« La vie de mes parents, c'est comme la guerre du Liban. Plus je m'y plonge, moins j'y comprends quelque chose. J'arrive à situer les protagonistes, quelques moments marquants me restent, puis, ensuite, je me perds. Trop de dates, d'événements, de trous, de silences, de contradictions. »
Sabyl a la trentaine. Il est né à Paris de parents libanais, tenus éloignés de leur pays par la guerre. Pourtant, à Paris, Beyrouth est partout. La famille élargie est restée là-bas. Seuls quelques allers-retours et WhatsApp les relient. Une part manque. Sabyl veut la combler. Micro en main, il leur demande de raconter.
979-1041410996
J'avoue que le titre ne m'attirait pas trop. Je craignais qu'il ne s'agisse d'un mauvais vaudeville. Quand je lis ta chronique, j'ai l'impression que c'est quand même plus intéressant que ça. Néanmoins, tes bémols sont trop nombreux pour m'inciter à lire ce roman.
RépondreSupprimerOui, c'est quand même mieux qu'un vaudeville :-D en audiolivre, ça va. Mais un Goncourt, quand même! ...
SupprimerIl ne m'avait pas complétement convaincue non plus l'année dernière ... Mais j'avais quand même apprécié ce qui était dit de l'exil de la famille et le personnage de la mère, sans cesse en lien avec son passé idéalisé ( et par Whathapps ...) m'avait touchée.
RépondreSupprimerLa mère, la mère... Bien gentille, mais pas trop choquée par les assassinats
SupprimerJ'avais dû lire au moins l'avis d'Athalie à son sujet, mais je crois me souvenir vaguement que c'est en effet un titre qui ne suscite pas vraiment d'emballement... Mais bon, il a au moins l'intérêt de te permettre te participer à Sous les pavés, les pages !
RépondreSupprimerMais oui! Au départ, je l'avais pris pour le Petit bac et à l'arrivée, il fait 3 challenges! Raison pour laquelle il lui sera beaucoup pardonné.
Supprimerça ne me rappelle rien, j'ai dû passer à côté... en tous cas, tu ne sembles pas tellement emballée.
RépondreSupprimerNon, pas emballée. Il y a d'autres choses à lire
SupprimerJe me souviens des débuts où le Goncourt des Lycéens nous dévoilait des pépites... (Soupir)
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