Au temps de la comète
d'Herbert George Wells
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Un monde meilleur
Un vieillard en haut d'une tour, est en train d'écrire. Surgit un jeune homme inconnu qui l'interroge et, pour lui répondre, le vieil homme raconte sa vie. Je dois à ma grande honte avouer que je ne suis pas parvenue à comprendre qui était ce jeune homme, d'où il venait etc. Est-il le pur fruit de l'imagination du vieillard ? Le lecteur fictif auquel il s'adresse... ? Ce n'est pas clair. Comme il fallait s'y attendre, on le retrouve à la fin du roman mais, et pour le coup, contrairement à ce que j'attendais, la situation n'est pas explicitée.
Nous sommes à une époque qui se situe "après le passage de la comète" et nous comprenons immédiatement que ce passage a totalement métamorphosé la vie sur terre, seulement, au début, nous ne savons pas de quelle façon, et nous ne le saurons pas avant la moitié du livre, je ne vous le dirai donc pas. Le monde décrit est directement inspiré de celui de Wells jeune en cette fin de 19ème siècle. Une vie dure pour les pauvres, dont il fait partie. Le jeune homme qu'il est alors se plie mal aux exigences de son emploi et ne tarde donc pas à le perdre (on est proche de la vie de l'auteur). Parallèlement, il est épris d'une jeune fille, mais celle-ci doit aller habiter une autre ville. Les lettres, surtout pleines de malentendus, ne comblent pas longtemps l'absence et ils s'éloignent l'un de l'autre, ce que le jeune homme refuse absolument, surtout si cela doit se faire au profit d'un autre.
De son côté, il vit avec sa mère, avec laquelle il est bien désagréable. Il la traite avec un mépris familier et exigeant qu'il donne pour une forme d'affection filiale.
Au même moment, une comète s'approche de la terre au point que les hommes, d'abord distraits, la scrutent avec de plus en plus d'inquiétude, car elle se rapproche tant qu'ils commencent à imaginer qu'elle pourrait percuter notre planète. Mais le peuple ne se préoccupe pas encore de ce phénomène.
Ainsi s'écoule la vie. Par égoïsme et intolérance, le narrateur perd son meilleur ami, son emploi, sa fiancée... ce qu'il refuse au point de se lancer à sa poursuite armé d'un pistolet, et avec des intentions de meurtre...
Cela prend toute la première moitié du roman et à mon avis, c'est bien trop long. On se lasse de l’égoïsme et des rages de notre narrateur. On n'a guère de sympathie pour lui, et quand il se lance après sa fiancée, on le déteste carrément... et on se demande si on va continuer à lire ce livre, d'autant que rien n'indique que l'auteur ne donne pas raison à ce désagréable personnage. Donc, le premier but de ma chronique, sera de vous conseiller de ne pas vous désintéresser de cette histoire, et de poursuivre... car le moment où il rattrapera sa fiancée coïncidera avec celui où la comète arrivera, et après cela, plus rien ne sera pareil. Tout sur terre sera entièrement modifié et la seconde moitié de l'ouvrage nous montrera un monde qui se rebâtit sur des bases entièrement nouvelles et différentes. Wells se passionnait pour l'utopie sociale, il en a imaginé plusieurs ; ici, il tente de nous montrer comment fonctionnerait un monde idéal.
Il envisage tous les domaines de la société : travail, éducation, gouvernement, économie et, vie amoureuse et familiale. Il rêve d'amour libre et ses adversaires se sont volontiers gaussés de ce sujet, d'autant qu'il avait en ce siècle plutôt verrouillé, une liberté de mœurs que beaucoup acceptaient mal. On disait qu'il imaginait un monde où l'amour serait libre uniquement pour satisfaire ses propres fantasmes, alors que le monde libre dans tous les domaines auquel il aspirait ne pouvait faire l'économie de cette liberté-là. D'ailleurs, aucun des grands utopistes n'a pu négliger ce domaine.
Ceci étant dit, j'ai trouvé quand même que cette seconde partie, après m'avoir ravie par sa richesse d'inspiration, devenait finalement trop sucrée car, elle aussi, trop longue... Ses nouvelles relations avec sa mère virent sirupeuses plutôt que satisfaisantes.
Bref, c'est un roman qui aurait gagné à faire 200 pages plutôt que 300 et dont le vrai bon morceau est dans la description du fonctionnement d'un monde idéal. C'est dommage car c'était vraiment une idée passionnante.
"J'avais vu, jadis, de la méchanceté et de la tragédie là où je ne voyais plus que les effets d'une extraordinaire sottise. Le côté ridicule du faste et de l'orgueil humain m'apparut, et ce nouvel aspect des choses révolues m'éclaira dans ces rayons d'aurore, et provoqua un rire inextinguible."