21 décembre 2022

La sœur 

de Sándor Márai

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Le perfectionniste

Parti passer une semaine à la neige, le narrateur est déçu, il pleut sans arrêt et la neige fond. Il ne lui reste plus qu'à observer le microcosme des hôtes de l’hôtel (simple refuge de montagne) où il est coincé et c'est ainsi qu'il se trouvera connaître l'histoire de ce musicien célèbre qui fait le corps de ce roman.

Et la vie de ce musicien, est l'expérience compliquée d'un amour raté et des conséquences non maîtrisables du refoulement et du déni. Parce que les circonstances sociales et, selon lui, la frigidité de l'objet de sa flamme rendent impossible la réalisation de son amour, le musicien accepte d'y renoncer et de s'éloigner. Il pense tourner la page et poursuivre sa très brillante carrière comme si rien ne s'était passé, mais ce qui advient, c'est qu'il tombe brusquement très gravement malade, d'une maladie très douloureuse qu'on ne peut cerner mais qui le contraint à de longs mois d'hôpital et met même sa vie en danger.

« J'avais compris quelque chose, non pas avec mon cerveau mais avec mon corps, et ce quelque chose venait de commencer. »

Alors qu'il est un virtuose mondialement célébré, il commence par douter lui-même de son travail et craint de ne pas avoir en fait interprété la musique comme il aurait dû. Perdre l'espoir en amour l'amène  de façon imprévue à perdre aussi la confiance en son talent.  "Ce qui est le contenu divin de la musique, je l'avais perdu" pour  "s'égarer dans les chemins de la perfection."

Sa destruction sape même ce qui est le moteur de sa vie : la musique.

"Oui, c'était elle (la femme aimée) qui se trouvait derrière tout cela" ; derrière la maladie mais aussi derrière la guérison.

Hospitalisé d'urgence, c'est là que, réduit à l'impuissance et en danger de périr sans même comprendre pourquoi, il ne lui reste plus qu'à s'abandonner totalement puis, cette étape franchie, à observer autour de lui. Et autour de lui, ce sont les membres du corps médical (toute visite lui étant interdite) et en particulier des religieuses qui servent d'infirmières et d'aides soignantes. (Voilà la « Sœur » du titre). 

On ne peut qu'admirer  l'intelligence et la finesse du travail de Sandor Marai qui met en lumière les différents recoins de l'évolution du mal, sans jamais user d'un trop fort projecteur qui écraserait tout, sans expliquer, faisant à son lecteur l'honneur de lui croire l'intelligence de comprendre, au moins en partie, ce qu'on lui montre. Ce livre demande par ailleurs un lecteur qui ait le goût de l'introspection, car elle y est très largement développée, occupant la majorité du livre, portant sur la maladie, les relations entre le corps et l'esprit, l'amour, la mort. Même les religieuses n'échappent pas à la problématique.

9782253175582



4 commentaires:

  1. Je ne connais pas du tout mais ça a l'air original et prenant.

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    1. De toute façon, Sándor Márai est un auteur à lire au moins une fois. C'est très Mitteleuropa,. J'aime bien

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  2. Tiens, je ne connaissais pas ce titre, même de nom... pourtant, j'aime beaucoup l'auteur. Je retiens!

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    1. Déjà lu plusieurs Marai, mais là, je cherchais un nom "familial" pour le Petit Bac :-D Mais c'est une bonne pioche.

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