Requiem pour Lola rouge
de Pierre Ducrozet
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Court roman attrapé dans une boîte à livres sans consulter la quatrième de couverture, parce que j'apprécie Pierre Ducrozet. J'étais partie sur l'idée, fondée sur le titre, que ce devait être un polar. Il n'en était rien. Il s'agit au contraire d'une œuvre littéraire plutôt ambitieuse, totalement basée sur le lyrisme, l'irrationalité et la poésie.
Le narrateur nous apparaît comme un voyou toxicomane et artiste. Le lecteur confiant, l'écoute faire le récit de ses journées avant de réaliser progressivement que tout cela n'est guère cohérent et d'essayer de corriger sa vision des choses pour mieux comprendre sa lecture. Ces chants de Maldoror dont la lecture avait si fort bouleversé le personnage au début du livre seraient-ils la clé permettant de mieux comprendre? Peut-être, mais on ne trouve pas dans ce livre-ci les aspects sadiques et écœurants, il y est au contraire question de recherche d'amour et d'absolu. Cependant, le lecteur y est bel est bien brutalement brinquebalé, déstabilisé et... disons-le, perdu. Il vaut mieux lâcher prise et se laisser emporter.
Reprenons. Notre narrateur, parisien dilettante, gagnant sa vie quand le besoin s'en fait sentir, de façon malhonnête, passe son temps à dériver dans les rues de Paris avec des haltes dans des bistrots portuaires. Le temps et l'alcool passant, sa schizophrénie se développe et le voilà rencontrant l’envoûtante Lola qui n'a pas froid aux yeux, et se mettant à la suivre. Sur ses talons, il constatera qu'au passage de n'importe quelle porte, il peut se retrouver dans n'importe quel lieu du monde et y vivre amours et aventures. Sa "dérive parisienne" chère aux Surréalistes, atteint ainsi un tout autre niveau. Le jeu n'est pas sans risques mais cela signifie peu de choses pour qui a perdu le sens des réalités.
"- Oui, mais ces portes-là que tu ouvres, il faudrait m'expliquer quand même.
- Il n'y a rien à expliquer, P. Je me sens juste un peu enfermée, alors
je pousse des portes et puis je débarque ailleurs. Je prends l'air,
c'est tout.
- C'est plutôt étrange, non?
- Etrange? Ce sont les autres qui le sont. Saute, tu verras."
C'est un ouvrage brillant et poétique. C'est beau, et ça finit mal. Forcément.
Mmm, cela me semble un peu trop inaccessible.. je ne connais pas cet auteur, mais je me suis récemment procuré "Le grand vertige", titre avec lequel j'ai l'intention de combler cette lacune.
RépondreSupprimerJ'ai aimé Le grand vertige, qui n'a pas ce côté onirique. Les livres de cet auteur sont très différents les uns des autres, mais pour l'instant, j'aime plutôt bien.
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