Une tentative d'autobiographie
Découvertes et conclusions d'un cerveau très ordinaire
de Herbert George Wells
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Ecrit entre 1932 et 1934, alors que l'auteur a de 66 à 68 ans, et donc, 12 ans avant sa mort, cet ouvrage n'a pas été réédité en français depuis 1936 ce qui, disons-le, est une honte. On le trouve encore chez les soldeurs.
Sa carrière est faite et c'est avec une grande et simple franchise, qu'il raconte ce que fut sa vie. Wells a choisi de s'y exprimer dans un style particulièrement naturel, ce qui fait que pénétrer dans ce livre, c'est comme avoir une très longue discussion avec un vieil ami qui vous raconterait son passé. Je m'y suis immergée des heures sans le moindre ennui, et toujours avec cette impression de vraie rencontre amicale. Bien évidemment, il ne se contente pas de dévider platement une succession d'évènements avec leurs dates, ni même d'ailleurs de vous faire connaître son état d'esprit à ce moment-là. Bien souvent son discours dévie (je ne dirais pas s'égare, car ce serait faux) vers d'autres sujets. L'occasion amènera à développer ses idées sur les thèmes les plus divers.
Or, par chance, H.G. Wells est un homme très intelligent et à l'esprit original et libre. C'est ce qui fait accessoirement que je l’apprécie tant, mais c'est surtout ce qui fait ici que cet ouvrage soit si intéressant et agréable à lire. Il a choisi de faire la part belle à ses rencontres féminines – ce qui est à l'image de sa vie. Mais évoque également la genèse de sa pensée et de sa philosophie de la vie. Ce qui a toujours rendu les romans de science-fiction de Wells si passionnants, c'est qu'ils prenaient racine dans une vision sociale et politique du monde et de son évolution ; et cette vision était toujours portée vers le futur. L'imagination envisageant sans cesse les diverses possibilités d'évolution, et ce, pas seulement pour ses romans, mais parce que c'était ainsi qu'elle fonctionnait toujours. Il développe ses idées à ce sujet, d'autant qu'il a consacré une bonne part de son énergie à les faire entendre. Il avait une vision, et, pourrait-on dire, un projet de monde meilleur et même une idée assez nette de la façon dont on pourrait l’atteindre. Et même s'il s'était irrémédiablement égaré dans la gestion des exclus de ses sociétés idéales, il y croyait encore au moment où il a écrit ces pages. Ce n'est qu'avec la seconde guerre mondiale qu'il a perdu son optimisme à ce sujet...
Lisez-le, vous ne serez pas déçu. Quant à son sous-titre de "cerveau très ordinaire", n'y voyez que coquetterie, ce n'est pas ce qu'il pensait vraiment, ne serait-ce déjà que pour sa mémoire
9782070266500