10 décembre 2020

 King kong théorie 

de Virginie Despentes

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Il y a quelques années,  une interview de Virginies Despentes dans l’excellente émission de France 5 « Le bateau-livre », m’avait étonnée et amenée à lire « King-kong théorie » dont elle avait su parler avec beaucoup d’intelligence et de façon convaincante.
   
   Ca commence très fort et je me régale, tout en me disant que ce n’est pas possible que cela continue comme ça. Et effectivement, ce n’est pas possible. Aux analyses d’ensemble qui m’avaient emballée succèdent des thèmes spécifiques approfondis plus précisément : le viol, la prostitution, la pornographie
   C’est très intéressant aussi, libre et intelligent mais évidemment, une étude plus approfondie ne permet pas le punch des pages de mise en route. On ne saurait le reprocher.
   
   Je n’avais plus lu de bouquin féministe depuis un bon moment et cela fait tout de même du bien de s’y replonger de temps en temps. Pour ma part, cela m’a donné l’occasion de réfléchir et faire le point sur ce qui avait changé au long de la dernière trentaine d’années. Alors des progrès, il y en a eu. C’est indéniable. Pourtant, on ne peut davantage nier que le fond du problème est toujours là et qu’on n’arrive pas tellement à le faire bouger. Il est devenu plus sournois, il s’affiche moins franchement (enfin, en général) mais il est toujours là. C’est un poison qui a imprégné le sol et il s’avère extrêmement difficile de s’en débarrasser. Plus difficile que je ne l’avais cru il y a 30 ans. Je n’irai pas jusqu’à dire avec elle que «la seule avancée notoire, c’est que maintenant, on peut les entretenir.» Mais les blagues sexistes sévissent toujours. On dit «les blondes» au lieu de dire «les femmes» et ça passe. Et gare à la femme qui ne trouve pas cela drôle!… Et les blagues, ce n’est qu’un signe entre mille. Tiens, j’aperçois du coin de l’œil un vieux n° du Nouvel Obs. qui traîne. Je regarde la date : 11/17 Mai 2006 (pour ceux qui veulent vérifier). Ca s’intitule « Ces intellos qui veulent changer la gauche » et s’accompagne de 11 photos d’ «intellos». Combien de femmes à votre avis ? Zéro. No comment.
   
   Bref, pour en revenir à notre livre, c’est un pamphlet revendicatif, excessif parce que le genre l’exige, mais juste fondamentalement. J’ai ri à certains passages car le ton est vif (par exemple au sujet des hommes qui se plaignent que les féministes soient castratrices : «C’est tout de même épatant, et pour le moins moderne, un dominant qui vient chialer que le dominé n’y met pas assez du sien…» )
   Virginie Despentes frappe juste, elle a de la verve, l’œil aigu et ses remarques font mouche «Dans un tiers de production cinématographique blanche contemporaine, regardez ce qu’on leur fait aux filles. »

   J’ai ri, mais pas toujours.


978-2253122111

2 commentaires:

  1. J’ai commencé la lecture de ce livre, il y a peu (2 ou 3 ans) mais je l’ai abandonné assez vite. Trop pénible à lire dans tous les sens du terme. Je ne conteste évidemment pas le sujet (machisme, viols et violences faits aux femmes) mais ce pamphlet m’a carrément soulé. Par ailleurs, si de nombreux romans de l’écrivaine m’ont séduit, sa personnalité et certaines de ses déclarations, m’incitent à la tenir à distance….

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    1. Ce n'est pas du tout mon ressenti. Je l'ai lu (il y a déjà plusieurs années, je suis en train de rapatrier mes commentaires de lecture-ecriture), avec un plaisir proche de la jubilation, surtout la première partie qui t'a bloqué. C'est que j'avais le sentiment qu'il était grand temps de donner un nouveau coup de pied dans la fourmilière et un coup de pied, bien sûr, ça secoue et ça y va fort. :-))

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