Quichotte
de Salman Rushdie
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M. Smile, VRP vieillissant et totalement solitaire qui n'a d'ailleurs plus de domicile fixe, habitant des motels au gré de ses tournées de prospection, passe des heures à regarder la télévision et ce qui devait arriver arrive : il tombe amoureux fou d'une vedette du petit écran, Salma R., la seule personne qu'il voit tous les jours. Il décide alors de lui écrire et d'aller la rejoindre en passant par « les sept vallées » qui représentent les étapes de sa purification. Durant ce périple, en période de doute ou d'hésitation, toutes ses références sont télévisuelles et même feuilletonnesques. Sancho apparaîtra bientôt comme étant son fils
Le chapitre suivant nous fais découvrir Brother, alias Sam Duchamp, un écrivain de romans populaires qui vient de crée ce personnage qu'il a baptisé Quichotte et avec lequel il entreprend un roman plus exigeant. Les aventures et mésaventures qu'il fera vivre à son personnage seront en parallèle étroit avec ce qu'il vit lui même, en particulier avec une similarité des « seconds rôles ». Ce qui entraîne une mise en abîme assez vertigineuse, d'autant que la lectrice que je suis se charge de rajouter un étage avec les liens entre Salman Rushdie et tout ce petit monde...
« J'ai l'impression qu'il y a quelqu'un au-dessous, virgule, derrière, virgule, au-dessus du vieil homme. Quelqu'un, oui, qui le crée de la même façon que lui m'a créé. Quelqu'un qui déverse en lui sa vie, ses pensées, ses sentiments, ses souvenirs exactement comme lui a fourré tout cela en moi. »
Ai-je oublié de dire que chacun pense que c'est la fin du monde qui est au bout de leurs histoires ?
C'est tout à fait passionnant.
En dehors des références à des séries télé il y a des clins d’œil plus littéraires (Ionesco, par exemple) ou/et plus politiques. Il y a une vraie réflexion sur les liens entre le réel et la fiction, la créature et son créateur ; une réflexion aussi sur le monde tel qu'il évolue aujourd'hui aussi bien aux USA qu'ailleurs. C'est comme la vie, souvent drôle et souvent dramatique, on perd du temps et on en gagne, les choses se déroulent comme prévu ou pas. On est loin du formatage stéréotypé des romans de moindre qualité. Je trouve que le monde littéraire français ne rend pas suffisamment hommage à Salman Rushdie, un des rares grands grands écrivains contemporains.
Mapero l'a lu aussi.
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