Le canapé rouge
de Michèle Lesbre
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Une belle écriture pour ce récit intimiste d'un long voyage à travers la Russie jusqu'au bord du lac Baïkal. La narratrice a pris le transsibérien, mais pas dans les compartiments de luxe, non, ils sont plusieurs dans son compartiment. Elle côtoie plus ou moins les autres voyageurs, autochtones ceux-là, les observe, leur parle, car elle parle suffisamment russe pour des échanges simples. Elle nous montre ce wagon où elle est, évoque Irkoutsk où elle va et Paris qu'elle a quitté.
Irkoutsk, c'est Gyl, un ancien amour, perdu de vue depuis longtemps et qui ne lui écrit même plus. L'idée lui est venue soudain d'aller le retrouver pour voir ce qu'il était devenu – et peut-être, renouer ?- mais elle n'y croit pas vraiment elle-même. Disons que c'est son but parce qu'il en faut bien un pour se lancer dans un voyage pareil. Mais c'est bien connu, le but, c'est le voyage.
Paris, c'est Clémence, sa vieille voisine qui termine doucement sa vie assise sur son canapé rouge, en évoquant son passé et son amour perdu (elle aussi), mais ce qu'elle perd surtout, tout doucement, ce sont ses facultés mentales. Entre la narratrice qui lui fait la lecture et elle, se sont tissés des liens affectueux.
140 pages d'un récit tendre et mélancolique qui vaut surtout pour sa très belle écriture et pour l'évocation d'une façon d'être marquée par la douceur et par la recherche constante de contacts humains. Beaucoup de références culturelles. Récit un peu intemporel, écrit il y a quinze ans (en pleine vague de récits de voyages par le transsibérien) mais qui n'a pas mal vieilli.
« Pendant ces heures un peu lentes, un peu lascives, trimballée dans ce paysage qui n'en finissait pas de s'étirer sous mes yeux, je me découvrais une aptitude à la vie contemplative que je ne soupçonnais pas. Face à la précipitation moderne et à l'esprit de système, cela m'apparaissait comme un excellent antidote. J'allais sans doute rentrer plus sereine, avec un brin de scepticisme et encore moins de certitudes. »
978-2070355976
C'est une lecture qui date pour moi, mais j'en garde un excellent souvenir. On est rarement déçue avec Michèle Lesbre.
RépondreSupprimerOui, ça date, mais je ne l'avais pas lu, à l'époque. Tout le monde s'était mis à prendre le Transsibérien et à en faire un roman alors du coup, ça faisait trop. :-)
SupprimerSi je rencontre ce canapé, je prendrai volontiers le Transsibérien.
RépondreSupprimerPlus vite que le dernier Houellebecq, à vous lire.
Merci.
Ah... Je ne sais pas. Je mettrais quand même le Houellebecq au-dessus.
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