03 septembre 2024

L’île du Point Némo

de Jean-Marie Blas de Roblès

*****

480 pages, pas 500 ! 😛

« Tout se passe, dit-elle en préambule, comme s’il n’y avait qu’une seule histoire à raconter, un seul récit dont certains pans ressurgissent par bribes, se complètent ou se nient au fur et à mesure qu’ils affleurent à la mémoire. La longue approche en hélice d’un cœur sombre qui ne se laisse deviner que par la récurrence de motifs obstinés et mystérieux. »


COM-PLE-TE-MENT foutraque, ce roman ne saurait manquer de séduire les esprits aventureux et légèrement déjantés (et pas bégueules car certaines scènes sont carrément offshore).

On s'en aperçoit dès les premières lignes. Rien ne colle. Holmes n'est pas Sherlock et le monde tout autour n'est ni celui d'aujourd'hui, ni celui d'hier, ni celui de demain. Alors on reconsidère la lecture qu'on vient de commencer et on reprend.


Nous sommes dans un univers steampunk qui s’accommoderait on ne peut mieux d'un traitement en bande dessinée. Martial Canterel à la fortune illimitée et ne perdant jamais son esprit hautement clairvoyant bien qu''il soit en permanence drogué jusqu'aux yeux, s’attelle à un mystère hautement incompréhensible. Des pieds droits dépourvus de leurs corps sont retrouvés en Angleterre. Ils portent tous une chaussure luxueuse de marque tout aussi totalement inconnue que leurs précédents propriétaires : Martyrio. C’est pour obtenir ses lumières sur ce troublant mystère que Holmes est venu consulter Canterel, mais voilà que le mythique diamant jaune de Lady MacRae a été volé en son coffre réputé inexpugnable et que la dame (anciennement liée -très- à Martial) demande leur aide pour le retrouver. Et c’est ce qui jette nos héros dans une aventure tout à fait hors normes et imprévisible

Pour être imprévisible, elle le sera. Nous ferons le tour du monde à pied, en voiture, en car, train, aéronef, bateau, sous-marin et j’en oublie. Nous travaillerons des heures dans une usine chinoise délocalisée en France pour goûter aux méthodes non orthodoxes du riche Wang, Nous irons découvrir le pouvoir des lectures à haute voix dans les manufactures de cigares cubains. Nous traverserons les steppes en train et seront attaqués par des brigands sanguinaires mais néanmoins philosophes. Nous chercherons le Point Némo (le trouverons-nous?). Nous serons roulés, trahis ou sauvés. Nous naviguerons. Il y aura une mutinerie à bord, il y aura des explosions, des amours tragiques, des femmes qui dorment trop et trop profondément, des hommes qui boivent trop. Des scènes problématiques, voire gênantes. Des gens très riches, des gens très pauvres, de l’héroïsme, de l’abus de faiblesse, de la révolte, de la surexploitation d’humains, des vilénies abjectes, de l’héroïsme d’une pureté exceptionnelle, de l’amour sans limite, de la haine illimitée… Il y aura tout et même, trop. Trop de tout dans une totale démesure.

Ça sent le Jules Vernes, le Ponson du Terrail, le Connan Doyle, le Dumas, le Eugène Sue, le Lovecraft etc. Il y a des clins d’œil dans tous les sens. Toutes les envolées romancées les plus audacieuses ont leur écho ici. Bref, un joyeux foutoir qui cache une structure romanesque complexe mais totalement maîtrisée.

J’adore. Mais ça ne peut pas plaire à tout le monde. C’est normal, et ça n’est pas un problème.


"Des solutions, Professeur, lesquelles? Continuer à faire comme si Dieu n'était pas mort depuis deux cents ans? Comme si les sciences pouvaient se suffire à elles-mêmes pour convoquer une éthique? Comme si les états offraient encore une once d'espérance? Comme si le capitalisme, le marxisme ou les autres idéologies globales n'avaient pas montré leur incapacité à assurer le bonheur des peuples? Comme si l'écologie pouvait être autre chose qu'une simple prise de conscience individuelle? Comme si la guerre et la paix ne s'étaient pas dissoutes en une malveillance continue?"

978-2843049309



10 commentaires:

  1. Oh on aurait pu se faire une LC, ça m'aurait entraînée ! Ça fait un moment que je veux le lire et le récent billet d'Ingannmic m'avait encore plus motivée. Je l'avais d'ailleurs emmené en vacances, mais je n'ai finalement pas eu le temps de le lire... Ingannmic l'avait considéré éligible au book trip en mer, du coup je rajoute ton billet au récap.

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    1. Ça aurait été avec plaisir pour la LC. Tu peux le prendre pour le Book Trip mais à vrai dire, bien qu'une partie se passe en mer, on n'y parle guère de la vie de marin 😉

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  2. Une lecture jubilatoire! D'ailleurs j'ai emprunté un autre livre de l'auteur, qui est toujours intéressant ...

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    1. Lequel? De mon côté, j'étais persuadée d'avoir déjà lu un autre roman de lui, mais je ne le retrouve pas...

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    2. Là où les tigres sont chez eux, puis Ce qu'ici bas nous sommes, et j'ai emprunté Dans l'épaisseur de la chair.

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    3. Hâte de te lire à leur sujet.

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  3. Ton billet rend un bel hommage à ce titre galvanisant... qui n'a à mes yeux qu'un seul défaut, il lui manque 20 pages !

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  4. je lis je blogue a ajouté un nouveau commentaire sur votre article "" :J'allais dire que tu devais être frustrée à cause des 20 pages manquantes pour le challenge des pavés de l'été mais tu sembles avoir eu tellement de plaisir à lire ce roman foisonnant ...

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    1. je lis je blogue : Il y a ce message dans ma messagerie mais je ne le trouve pas sur le blog. L'as-tu supprimé? Bref, oui, Je me suis tellement amusée que j'ai vite oublié le nombre de pages

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