07 septembre 2024

 L'oreille interne 

de Robert Silverberg

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Quatrième de couverture:

"David Selig, Juif new-yorkais d'une quarantaine d'années, se considère comme un raté. Il est pourtant télépathe et pourrait profiter de ce don pour faire fortune, conquérir - et garder ! - les plus belles femmes... Mais non, rien à faire, il estime être un monstre tout juste bon à faire le nègre sur des devoirs d'étudiants, incapable de réussir sa vie. La dernière preuve en date : ce talent qu'il déteste tant, mais qui est finalement son seul lien avec le reste de l'humanité, est en train de le quitter ! Apeuré à l'idée de se retrouver seul avec lui-même, Selig nous conte sa misérable existence."

Ce qu'i faut savoir en ce qui concerne ce roman, c'est qu'en dehors du fait que le narrateur est télépathe, il n'y a rien qui le rattache au domaine de la Science Fiction ou de la fantasy. Il n'est pas mauvais non plus de savoir qu'il n'y a ni aventures, ni suspens, ni même action. Nous dirons que c'est un roman psychologique. Nous suivons le personnage principal qui nous raconte comment à la suite d'on ne sait quel caprice de la génétique, il est né avec un don supposé ne pas exister: il lit dans les pensées des humains proches de lui aussi clairement qu'il les voit de ses yeux. Tout de suite, il a le réflexe de dissimuler son don. D’abord, pour ne pas être jugé « différent » et rejeté par ses camarades, puis plus tard, de crainte de devenir cobaye pour scientifiques. 

On pense tout de suite que c'est un sacré avantage, et c'en est un, effectivement, mais passé l'insouciance de l'enfance, notre télépathe opte pour une vision dépressive du monde et de sa "différence" et loin d'utiliser son don au mieux de ses besoins ou désirs, il sombre dans l'auto-apitoiement de l’homme inadapté car différent et refuse d'en tirer partie. Il végète ainsi dans une vie qui lui assure juste les revenus nécessaires à sa survie à New-York (il se fait payer par des étudiants pour leur faire leurs devoirs même les plus ardus en leur garantissant au moins un B). David est très cultivé et Silverberg voit là l'occasion de nous refiler quelques uns de ses propres devoirs de fac (Kafka, Euripide etc.) in extenso. Personnellement, je les ai lus sans déplaisir (je suis du genre que tout intéresse), mais franchement, ça n'avait rien à faire dans un roman de SF. Ça n'avait aucun rapport avec le reste et on ne peut pas dire que ça ne ralentissait pas le rythme déjà bien pépère.

Nous voyons notre David Selig qui après avoir passé la première partie de sa vie à médire du don inespéré qui lui était échu, va passer le moment que nous lisons avec lui à constater avec terreur et regret son affaiblissement, puis le reste de sa vie à regretter sa disparition. Et nous, on pense à tout ce qu’il aurait pu faire… Soupir.

Bref, notre télépathe aurait mieux fait de mieux saisir les vertus du carpe diem.

Donc, ce roman de la première période Silverberg est plutôt un roman psychologique qu'un roman de SF. Il n'est d'ailleurs pas désagréable à lire. Tout cela est plutôt bien vu et bien raconté. Le style est séduisant Franchement, je l'ai lu sans déplaisir, mais il y a quand même tromperie sur la marchandise



978-2070319374

2 commentaires:

  1. C'est vrai qu'en voyant le nom de Robert Silverberg, j'ai tout de suite pensé à un roman de SF. Sinon, un roman sur la télépathie, c'est plutôt amusant apriori... dans la vraie vie, ça serait plutôt un don maudit. Je comprends un peu l'auto apitoiement du personnage principal

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    1. C'est vrai qu'on a souvent besoin de se faire des illusions sur ce que pensent les autres... :-]

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