La vie secrète des animaux
de Peter Wohlleben
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Peter Wohlleben est forestier depuis plus de vingt ans en Allemagne, où
il dirige une forêt écologique. J'ai audio-lu cet ouvrage dont il existe
aussi une version papier. Je l'ai trouvé au hasard d'une fouille dans
les bacs de l’audiothèque et choisi pour agrémenter de longues heures de
route. Ce n'était pas trop mal choisi. L'ouvrage est composé de
chapitres assez brefs et abordant des sujets précis et des questions
que, je pense, tout le monde s'est posées un jour ou l'autre, et il fait
le point sur l'état des connaissances scientifiques sur le sujet.
Si presque plus personne ne pense (ou du moins ne soutient) que les
animaux ne ressentent pas la douleur (à part les pécheurs ou dans les
abattoirs), les discussions restent ouvertes concernant les sentiments
et le degré de complexité de ceux-ci. Par exemple, puisque les animaux
sentent le douleur, la craignent-ils? Ont-ils peur à l'avance? Dans ce
cas, il faut admettre qu'il y a compréhension de la situation à un degré
d'abstraction qui permet une projection dans le futur. Ont-ils des
tactiques d'évitement? Et donc peuvent-ils faire preuve de ruse?
Peuvent-ils mentir pour arriver à leurs fins? Le font-ils consciemment?
Comme l'oiseau qui fait semblant d'être blessé pour que le prédateur le
suive, s'éloignant ainsi du nid menacé, ou inconsciemment comme ses
papillons dont les taches font passer leurs ailes pour une grosse tête
dont les ocelles seraient les yeux. Ces animaux, de l’insecte au
primate, ressentent-ils l'injustice? Se vexent-ils? (Ma chienne se vexe
assez facilement, il n'y a aucun doute là-dessus). Bref, cet ouvrage
examine ce que l'on est de plus en plus obligés d’accorder aux animaux
d'accès aux sentiments et à la réflexion. Chacun de ces sentiments
jusqu'ici prétendument strictement humains, fera l'objet d'un chapitre
et pour chaque chapitre, Peter Wohlleben fera état d'anecdotes qu'il a
vécues ou dont il a eu connaissance ainsi que des expériences et
conclusions scientifiques en leur état actuel. Certains de ces chapitres
n'apprendront pas grand chose de neuf à ceux qui, comme moi,
s'intéressent déjà aux animaux depuis longtemps, mais ils leur
fourniront au moins des éléments objectifs toujours utiles dans une
discussion. Un chapitre particulièrement marquant traite des sentiments
d'empathie et de compassion (même si à mon avis, ce second terme est un
peu inapproprié) éprouvés par les bêtes. De nombreuses expériences ont
été faites par des scientifiques, démontrant abondamment que certains
animaux en étaient pourvus alors que les scientifiques n'en avaient
aucune.
En conclusion, je conseille cet ouvrage qui trouvera bien le moyen
d'étonner à un moment ou à un autre, même les connaisseurs et qui est
par ailleurs tout à fait accessible aux néophytes dès l'adolescence.
Grâce à la façon de raconter et à la multitude d'anecdotes, la lecture
est plaisante et jamais rébarbative, grâce aux données scientifiques, il
vous évitera de confondre savoir et croire et vous donnera toutes les
connaissances de base et tous les arguments nécessaires pour vous-mêmes
ou dans une discussion.
978-2352047377
Le sujet donne matière à réflexion et à débat. Les scientifiques ne sont pas d'accord entre eux. Sur la question du bien être animal, il y a encore du boulot.
RépondreSupprimerC'est normal, si on admet trop de sensibilité et d'intelligence aux animaux, on n'arrive plus à justifier de les traiter comme on le fait. Alors non, en effet, les "scientifiques" ne sont pas près de se mettre d'accord. En attendant, ceux qui s'en préoccupent peuvent commencer dans l'autre sens -par ce qui ne fait pas de mal- avant d'essayer de situer très précisément les conditions du bien-être animal. Parce que tu as raison, c'est compliqué pour nous, humains.
Supprimer"Nous ne saurons jamais si les animaux ressentent la peur, le chagrin ou la joie ou le bonheur de la même manière que nous. Ça, nous l'avons déjà dit. Cela étant, être sûr que tel être humain ressent la même chose que tel autre n'est pas non plus possible. (...) Mais cela ne nous empêche pas de communiquer et grâce au langage, de partager nos ressentis. C'est là ce qui nous différencie des animaux Vraiment? Les rapports de recherches publiés sur le grand corbeau tiennent un autre langage."
RépondreSupprimerOh, le traducteur ou la traductrice s'est fait plaisir ici avec un joli clin d'oeil à la fable de La Fontaine qui n'était sans doute pas dans l'original. J'adore ! :-D
SupprimerJe savais que les corbeaux étaient très intelligents mais j'ignorais que certaines espèces pouvaient apprendre des mots.
RépondreSupprimerJe ne sais pas s'ils le peuvent. Ce n'est pas ce qu'il explique dans ce passage. Des recherches ont étudié leur propre langage, mais pas avec des mots humains.
SupprimerJ'ai écouté l'extrait que tu m'as envoyé. Pour moi, on est encore bien dans le vague. Comme souvent (même en sciences), les convictions des uns et des autres ont une part importante dans la formulation d'hypothèses. Pour ma part, j'ai 3 chats que je ne me lasse pas d'observer mais, sur bien des points, je n'ai toujours pas tranché. Ils ont chacun leur caractère. Je pourrai donc en déduire que tout ne repose pas uniquement sur l'instinct...
RépondreSupprimerExcuse-moi, je n'avais pas vu ton message. Le sujet de ce livre est plutôt: Est-ce que tu penses qu'ils sentent la douleur? Est-ce que tu penses qu'ils éprouvent des sentiments?
SupprimerOh oui, le chien qui se vexe, je connais bien :-D Se poser la question de la complexité des sentiments que peuvent avoir les animaux est déjà un premier pas. Cette audiolivre me paraît parfait pour le trajet de mes vacances estivales (hélas encore lointaines). Toute la famille appréciera je pense.
RépondreSupprimerJ'espère que vous allez loin car il est long ;-)
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