Sidérations
de Richard Powers
****+
"L’œil mental connaît deux sidérations : l'arrachement à la lumière, l'entrée dans la lumière."
Ce récit est rédigé à la première personne par Théo Byrne, astro-biologiste qui doit faire face à la rude tâche d'élever seul son fils de 9 ans, autiste. En effet, son épouse scientifique elle aussi, travaillant à un poste dirigeant dans une ONG de protection de la faune sauvage, est morte deux ans plus tôt dans un accident de voiture. Le métier, et la passion de Théo, c'est d'imaginer les différentes formes de vie possibles sur les autres planètes. Tous les soirs il calme et endort son fils Robin en imaginant avec lui une de ces planètes. Ces chapitres s'intercalent dans le récit qu'il fait de leur vie quotidienne. La vie de Robin dans son école américaine (où il m'a semblé, et ce n'était pas la première fois que j'ai cette impression, que l'on laisse bien plus les enfants se malmener mutuellement qu'on ne le fait en France) n'est pas facile. Il est la risée et la tête de turc de ses coreligionnaires qui ne lui pardonnent pas sa différence. La vie de Théo à son université où il aime enseigner mais où il déçoit ses collègues en n'ayant plus assez de disponibilité pour publier des articles, faire des recherches supplémentaires etc. n'est pas une franche réussite non plus.
Le livre commence quand Théo, pour rompre une période particulièrement tourmentée pour Robin à l'école, l'emmène camper dans une réserve naturelle. Là, ils connaîtront quelques jours de bonheur, étant tous deux des écologistes convaincus, et des protecteurs de la nature végans. En fait le thème principal des angoisses de Robin est la destruction de la faune, de la flore et de la terre elle-même par les humains. Pendant cette trêve, ils campent en particulier au bord d'un torrent où Théo et la mère de Robin ont passés des moments idylliques. Mais même dans ces conditions, la vie avec un enfant autiste sujet à des crises incontrôlables, n'est pas facile. Bientôt il faut rentrer et la reprise de l'école s'accompagne bien vite de nouvelles crises. L'équipe éducative met en demeure le père de "faire soigner" son fils. Ce qui veut dire le mettre sous Ritaline. Théo ne veut pas en entendre parler mais va bientôt y être contraint car on l'accuse de non-soin à enfant en difficulté... Il se souvient alors d'un scientifique ami de sa femme, pour lequel il avait participé à une expérience neurologique et il se demande si les recherches de cet homme ne pourraient pas aider Robin, s'il acceptait de s'occuper de lui, même dans un cadre expérimental. C'est alors que l'histoire commence réellement.
Un roman fantastique et poignant avec une énorme charge écologique, une conscience permanente de la destruction du monde telle que la ressent Robin. Un stress presque continu malgré de magnifiques épisodes d'amour père-fils. Cela se passe à une période non précisée mais le président des USA (non nommé) est présenté comme une espèce de zigoto dément particulièrement stupide, on ne peut que penser à Trump mais un Trump qui aurait réussi ce que le vrai a raté, à savoir faire annuler les élections qui le blackboulaient sous un prétexte mensonger de fraude pour se faire réélire quelques mois plus tard et avec vraies fraudes cette fois. Cette prise de pouvoir entraîne la suppression des crédits aux recherches les plus prometteuses de la science car le Président n'en voit pas l’intérêt. Les budgets s'assèchent dans tous les secteurs de la recherche non immédiatement commerciale, en particulier en astronomie où les recherches pour un gigantesque et révolutionnaires télescope, le NextGen (mais si vous faites des recherches sur le Net, en France, on l'appelle plutôt NGST) sont abandonnées. On pense au télescope James-Webb qui vient justement d'être lancé, mais dans l'Amérique du roman, dans tous les domaines, la recherche scientifique marque le pas.
PS : Et vous tous, s'il vous plaît, ne faites jamais de cairns lors de vos promenades dans la nature ou au bord de la mer.
- « C'est quoi le problème, papa ?
- « Ces trucs, c'était le pire cauchemar de ta mère. Ça détruit les habitats de tout le monde dans la rivière. Imagine des créatures d'une autre planète qui se matérialiseraient dans notre espace aérien pour démolir nos quartiers, encore et encore. »
Il darda les yeux de tous côtés, en quête des chevaines, des ménés, des truites, des salamandres, des algues, des écrevisses et des larves flottantes, des ménopomes et poissons-chats menacés d'extinction, tous sacrifiés à l'art de marquer son territoire.
- « Il faut qu'en les enlève. »
9782330153182
ce livre est sur ma liste depuis plusieurs semaines mais j'hésitais car certains romans de Powers m'ont interloqué alors ...
RépondreSupprimerton avis est tellement favorable et positif que je vais allé y voir de près
Oui, très positif pour moi. Après, tout le monde n'aime pas les mêmes choses mais comme c'est aussi un livre très sensible et très intelligent, il devrait te plaire.
Supprimerc'est grâce à ton post que j'ai finalement lu ce roman, je partage totalement ton avis et j'aime beaucoup ta façon de le mettre en scène
RépondreSupprimerDepuis il fait le tour chez mes filles et l'avis est très favorable
Merci pour les gentillesses et je suis très contente que tu l'aies aimé.
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