Ultramarins
de Mariette Navarro
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Quatrième de couverture :
"A bord d'un cargo de marchandises qui traverse l'Atlantique, l'équipage décide un jour, d'un commun accord, de s'offrir une baignade en pleine mer, brèche clandestine dans le cours des choses. De cette baignade, à laquelle seule la commandante ne participe pas, naît un vertige qui contamine la suite du voyage. Le bateau n'est-il pas en train de prendre son indépendance ?"
Tout de suite, je me suis demandé combien il y avait de femmes commandantes de navires de commerce ? Etait-ce devenu courant ou toujours rare? J'ai trouvé cet article détaillé de Isemar* qui évoque une féminisation lente des métiers de la mer et je n'ai pu m’empêcher de noter qu'en 2018 (date de l'article) on en était toujours à "inciter les entreprises à promouvoir l’égalité hommes/femmes au cours des différentes étapes de la vie professionnelle qu’il s’agisse du recrutement, de la rémunération ou du déroulement de carrière". Merci, c'est trop, aurais-je envie de dire (pour cacher que je croyais que c'était déjà une obligation légale).
Mais revenons à notre roman. J'ai été un peu longue à embarquer pour ce voyage-là, mais une fois partie, je dois dire que je l'ai bien apprécié. La commandante a une personnalité un peu étrange, mais on s'habitue et elle est loin d'être antipathique, et même si on ne la comprend pas vraiment, on la laisse faire et on la suit. Son équipage aussi est un peu étrange, surtout quand après avoir mis vingt hommes à la mer pour une pause-baignade, on en remonte vingt-et-un... Tout cela fait qu'on ne s'ennuie pas. On examine au passage la raison d'être de ce fret incessant de marchandises parfaitement non indispensables d'un bout à l'autre de la planète et qui fait tourner le monde en une ronde artificielle et inutile si ce n'est de maintenir sa survie et d'éviter que tout ne s'écroule puisque tout s'appuie sur ce principe de base. Comme dit Aurélien Barrau, il faudrait changer le principe de base.
C'est écrit en une belle prose poétique à laquelle j'ai adhéré et qui fait la part belle aux sentiments et aux sensations. Le subjectif prime. Le roman est court (145 pages) et je pense que c'est exactement le format qu'il lui fallait, plus long, on aurait tourné en rond et on se serait enlisé.
Extrait :
"Ils s'assoient côte à côte dans un des canots, parce que la question ne se pose plus de passer de l'idée à l'acte, maintenant qu'ils ont atteint cette parfaite région d'eau calme, celle qu'ils évoquaient ces derniers soirs sur le pont sous la lueur de la lune. Ils s'étonnent des promesses qu'ils se sont faites su légèrement, mais ils se laissent descendre jusqu'à l'eau, jusqu'à ce qu'un petit choc leur signale qu'ils y sont. A quelques centimètres de la surface, ils n'ont plus qu'à passer les jambes par-dessus bord. Tout, maintenant, peut commencer.
(...)
Alors, les deux pieds au milieu de rien, et tout le corps qui suit."
* Institut supérieur d'économie maritime Nantes-Saint Nazaire
Keisha l'a lu
Si vous l'avez lu aussi, mettez un lien dans les commentaires, c'est sympa de comparer les avis.
Voilà, merci d'avoir signalé ta lecture, tu as même effectué des recherches!
RépondreSupprimer:-) Démasquée! Je fais toujours ça, je fouille et je vérifie
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