Les images
d'Alain Rémond
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L’auteur déclare : «Je me suis toujours demandé ce que devenaient Jérôme et Sylvie, les deux héros de premier roman de Georges Perec, «Les choses» (…) Alors, un jour, j’ai eu envie d’imaginer la suite.»
Et cette suite, c’est «Les images». J’avoue que cette accroche de la quatrième de couverture a bien fonctionné sur moi et que moi aussi, j’ai eu envie de savoir «ce qu’ils devenaient ensuite.» J’aime bien les jeux comme cela sur un roman ou des personnages déjà existants.
Pour le coup, j’ai commencé par relire «Les choses» quelque peu oubliées depuis que je les avais découvertes, et j’ai enchaîné avec «Les images» eh bien, ce n’est pas mal du tout. «Les images» prennent correctement la suite et le passage se fait sans aucun à-coup. Nous retrouvons bien nos Jérôme et Sylvie. Certes, ils ont un peu changé, mais avec beaucoup de naturel et c’est bien ainsi que les choses se passent dans la vie. Nous changeons tous un peu au fil de notre existence et de nos expériences nouvelles. En tout cas, cette suite proposée par Alain Rémond est tout à fait vraisemblable et dans le ton. On se dit : «Effectivement, ça a pu se passer comme cela.»
Comme indiqué par le titre, notre couple est passé des choses aux images. Cette fois, ça y est, nous sommes dans la société du spectacle.
L’aisance d’Alain Rémond vient du fait qu’il connaît fort bien cet univers là et qu’il peut y faire naviguer ses personnages avec beaucoup d’aisance et d’évidence. Elle vient également de la vraie réflexion qu’il a menée sur ce sujet crucial dans notre monde. Tout comme «Les choses», «Les images» est une réflexion sur ce qui constitue la trame de cette société où notre couple évolue et le lecteur aussi. Et cette réflexion sur la télévision, l’usage d’une version de la vie spectaculaire, intéressée, visible, mais fausse, dans le sens où un air de musique peut être faux, m’a semblée très fine et juste. Elle m’a beaucoup intéressée.
Si bien que, satisfaite dans ma curiosité sur ce qu’étaient devenus ces deux personnages, je l’ai été tout autant par le contenu propre à ce second roman sur le thème et vraiment, c’est sans hésitation que je le conseillerais à tous ceux que la suite des existences de Jérôme et Sylvie aurait tendance à intéresser, ainsi qu’à tous ceux qu’une réflexion sur le rôle de la télévision tente.
Citation :
« Les gens ne regardaient pas la télé pour s’ennuyer, ils voulaient du spectacle, même s’il s’agissait de leurs problèmes de couple, de famille, de solitude. Ils voulaient que leur propre vie devienne un spectacle. Ils voulaient être passionnés, fascinés par leur propre souffrance, leur propre misère. C’était le ressort même de la télévision, sa justification ultime.»