Confessions d'un chasseur d'opium
de Nick Tosches
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Chasseur de mythe
Ici, Nick Tosches entreprend de nous dépeindre une vision hautement culturelle de l'opium. Il aime les opiacés et en est dépendant mais, du moins au moment où il écrit cet ouvrage, il défend une version noble, voire élitiste de son addiction. Une vision fantasmée de la chose, qui se nourrit de fumeries sombres et embrumées où de vieux chinois silencieux, éventuellement secondés par des servantes mutiques, passent des pipes qui sont presque des œuvres d'art à des consommateurs indolents mais respectés. Sûr qu'en l'an 2000, année de publication de l'opuscule, on était déjà dans la mythologie complète. Mais bon, c'est un genre comme un autre.
Ce qui est amusant, c'est que Nick Tosches commence par une lourde charge moqueuse (et méprisante) contre l’œnologie. Il se gausse de ces gens qui ne peuvent boire un verre de vin sans évoquer son arôme, son bouquet, sa robe etc. Il trouve cela complètement ridicule et ne se gène pas pour le dire (car Nick n'est pas du genre à spécialement ménager la susceptibilité de son entourage). Je ne sais pas comment cela passe aux USA, peut-être fait-il rire un public pour qui toutes ces considérations sont en effet exotiques mais en Europe, et plus encore en France, ce genre de sarcasme éveille davantage l'étonnement, voire un peu de gène pour lui. C'est un peu ridicule et, comme on le sait, l'insulte est un boomerang, si elle n'atteint pas sa cible, elle revient contre son lanceur...
Et comble de l'ironie, voilà que notre détracteur du bon vin, se lance dans une tentative de reproduire cette culture originelle de la qualité du produit et du savoir-faire sur son poison de prédilection : l'Opium. Il avait déjà évoqué sa circulation et son trafic avec « Trinités », qui était plutôt un roman policier, sans doute sa documentation, ses relations et sa pratique ne faisaient pas de lui le plus mal placé pour rédiger ce petit traité de la "drogue céleste". Il l'a voulu historique et culturel, bien que sa vision historique se limite un peu trop à un échange Orient-USA (souvent le problème des Américains qui ont du mal à se rappeler qu'il existe un vrai monde en dehors d'eux). Il pousse en avant la graaaande qualité du produit, son passé chargé d'histoire, ses références intellectuelles les plus aristocratiques, ses pratiques sophistiquées et tient pour quantité négligeable les cloaques humains qu'il doit traverser, les épaves humaines, les prostitutions sordides, les corruptions omniprésentes, au milieu desquels se niche son Eden. Car, foin de la drogue qui se gobe, s'avale, se sniffe, s'injecte ou que sais-je, seul est belle celle qui se fume dans une vieille pipe, et de préférence dans une fumerie.<i> « :"Je suis né pour fumer de l'opium dans une fumerie»</i>...
Ben voyons.
978-2844850553