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04 août 2021

 H.G. Wells 

de Laura El Makki

*****


Se lit comme un roman

   Comme H.G. Wells est un auteur qui m'intéresse beaucoup, c'est tout naturellement que j'ai également voulu lire les biographies qu'on lui avait consacrées. J'ai ainsi lu celle-ci de Laura El Makki, ainsi que celle de Joseph Altairac, avant de passer à l'auto-biographie pour laquelle Wells lui-même a rédigé 520 pages sous le titre modeste de "Une tentative d'autobiographie". Trois ouvrages extrêmement différents dont je vous parlerai ici. 

       Cette biographie d'un des pères de la science-fiction, se lit absolument comme un roman. Le ton en est le même, ainsi que l’intérêt. C'est vrai que notre Herbert George ne s'est guère ennuyé dans sa vie et qu'on ne s'ennuie donc pas en la lisant. Pas de jugement. Point trop d'analyse des états d’âme supposés ; du circonstanciel, voilà ce que nous offre L. El Makki, chose que j'apprécie beaucoup. 

       Suivant l'ordre chronologique, depuis son enfance très pauvre jusqu'à son succès et sa mort dans l'opulence après avoir côtoyé les plus grands, et la reconnaissance universelle (malgré une légère baisse bien normale sur la fin), nous suivons pas à pas le cheminement de cette existence captivante. Cela m'a fait penser à l'excellente biographie de Philip K. Dick par Lawrence Sutin*. En premier lieu parce qu'on retrouve chez les deux hommes cette extraordinaire puissance imaginative qui fait que le problème de l'inspiration ne s'est jamais posé pour eux. Ils avaient beaucoup plus d'idées de récits que de temps pour les écrire, d'où, l'avalanche de nouvelles et autres short stories. J'apprécie ces auteurs-là, c'est pourquoi, quand j'entends un auteur se plaindre de la page blanche, j'ai juste envie de lui demander pourquoi il se met devant, dans ce cas là. Mais pour en revenir à ma comparaison, Wells a eu une reconnaissance officielle que ce pauvre Dick n'a jamais connue. Et à la différence de P.K. Dick il a voulu plus, il a voulu agir sur son temps en faveur du progrès, il a voulu être un chercheur de vie meilleure, une sorte de guide. Il croyait très fort avoir ce rôle à jouer non plus dans la fiction, mais dans le monde réel. 

       Wells a été un homme très intéressant, avec plein de défauts (racisme) et encore plus de qualités (intelligence, désir de changer le monde, de diffuser l'éducation, de créer une société meilleure etc.), avec ses errements, ses erreurs, ses corrections, ses changements d'opinion, sa réactivité au monde, ses passions, ses désirs et sa capacité à payer le prix pour les assouvir. Il a mené une vie bien remplie et j'ai passé un excellent moment en sa compagnie. Vous devriez faire sa connaissance. 

       Dans quelques jours, je vous parle de l'ouvrage de Joseph Altairac, lisez celui-ci, en attendant. 

    

   * "Invasions divines"


978-2070462308

18 janvier 2021

  Invasions divines – Philip K. Dick, une vie 

de Lawrence Sutin

*****


Grand Prix de l'Imaginaire, catégorie Essais en 1995
   
   
    "Philip K. Dick (19281982) reste un trésor enfoui dans le domaine de la littérature américaine parce que la grande majorité de ses œuvres a vu le jour dans le cadre d'un genre – la science-fiction- qui ne retient pratiquement jamais l’intérêt des gens sérieux. Car on ne saurait être sérieux en racontant des histoires de vaisseaux spatiaux, n'est-ce pas ? Une baleine blanche, voilà qui peut faire office de grande figure littéraire ; mais comment en dire autant d'un fongus de Ganymède télépathe ?"
   
   "Phil avait la réputation d'être – pour dire les choses crûment – un cinglé à la cervelle grillée par les drogues."
   
   Bon, l'action est posée.
   
   Ayant lu peu de temps auparavant le roman de C. Miller "L'univers de carton", j'y avais retrouvé avec plaisir un des fantômes de ma jeunesse : Philip K. Dick. Dans ce roman, cette biographie de L. Sutin était donnée comme la plus réussie qui existe et même comme étant quasiment parfaite. Avais-je une chance de résister ? Bien sûr que non, vous l'aurez compris. Ce fut donc mon achat suivant et une nouvelle lecture, qui me permit de mieux connaître un des papes de la SF américaine, d'une façon, cette fois plus réaliste. Je dois tout de suite dire, que je trouve en effet cette biographie à peu près parfaite. Lawrence Sutin ne semble pas ignorer le moindre détail de l'existence de Dick, il est allé interroger tous les témoins et leur a permis d'exprimer leurs points de vue, il n'a pas émis de jugement de valeur sur l'homme dont il ne nous cache ni les hauts, ni les bas, se bornant à manifester son admiration de l’œuvre accomplie. Je pense donc en effet que cette bio est un must. Indispensable à qui s’intéresse à l’œuvre de Philip K. Dick. C'est un assez gros bouquin, plus de 700 pages, mais édité chez Folio SF, il est à la portée de toutes les bourses, et écrit dans un style fluide, il ne génère jamais ni ennui, ni difficulté.
   
   Cet ouvrage suit l'ordre chronologique et donne des renseignements sur tous les titres de l'auteur, ce qui paraît impossible quand on sait à quel point il était prolifique. Nous découvrons ainsi quelle était sa situation matérielle et mentale lorsqu'il les écrivit. Et ce n'est pas rien, tant l'existence du Maître fut agitée et pleine d'imprévus. Il suivit plusieurs religions et connut plusieurs satori pour finir par discuter assez familièrement avec Dieu. Tout cela rend certains des cheminements de sa pensée un peu abscons. Pour ne rien dire de cette manie charmante qu'il avait et qu'ont dû maudire tous ses autres chroniqueurs, de toujours donner immédiatement (comme plus tard) plusieurs version différentes (et souvent incompatibles) du moindre fait et événement de sa vie, ce qui rendait le tout tellement compliqué et ingérable qu'il ne savait bientôt plus lui même quelle était la version exacte et d'ailleurs, y en avait-il une? puisque, c'est bien connu, la réalité n'est pas une, voire même, n'existe pas. (surtout avec l'usage immodérée de substances bizarres et mélanges incongrus).
   
   On aura compris que ses relations avec ses proches tant professionnels que personnels, (pour ne pas dire avec lui-même) ne furent jamais simples, mais il plaisait néanmoins et se maria cinq fois. Il ne m'a pas semblé particulièrement sympathique, mais c'est strictement une question de goût et je ne peux que m'incliner par contre devant l'écrivain, son énorme capacité de travail et sa fantastique imagination*. Parti des pulp et des fins de mois difficiles, il connut le succès en tant qu'auteur reconnu bien qu'il ne le fut jamais comme écrivain (ce qu'il méritait), mais toujours considéré comme le "meilleur-d'un-genre-mineur", ce qui fit son désespoir. Néanmoins, ses histoires étaient telles que le cinéma ne pouvait l'ignorer longtemps et c'est donc largement à l'abri du besoin qu’il finit ses jours. Au point de pouvoir se permettre le luxe de refuser un contrat hollywoodien dont il craignait qu’il dénature son œuvre. Qui serait encore capable de faire cela aujourd'hui ?
   
   En dehors de toutes ces données factuelles, Lawrence Sutin met en relief les questions primordiales que Philip K. Dick a toujours voulu explorer et illustrer par ses nouvelles et romans :
      Que se passerait-il si ?
   Qu'est-ce que la réalité ?
   Qu'est-ce qui constitue l'humain ?  
   Avouez que ces questionnements relèvent de la plus haute philosophie et qu'il est peu de domaines de la fiction qui se prêtent aussi bien à leur exploration poussée que la science-fiction.
   
   Et pour couronner le tout, l'auteur maintenait en permanence dans tous les esprits (y compris le sien) la question finale: "Et si c’était vrai" ?
   

   * Pour ne rien dire de sa folle vélocité dactylographique.


978-2070422364

15 janvier 2021

    H. P. Lovecraft - Contre le monde, contre la vie 

de Michel Houellebecq

****+


Biographie
    "Cet essai flamboyant et franchement partisan." (Stephen King)
   
   Avant de publier son premier roman, Michel Houellebecq avait produit cet essai consacré à H.P. Lovecraft. Il y raconte le charme qu'a depuis son jeune âge, exercé sur lui ce personnage aussi étonnant que ses œuvres. Il retrouve aussi en lui, un poète, comme il l'est lui-même.
   
   Je dis "essai", je pourrais dire "biographie", ou alors, ni l'un ni l'autre. Car il y a bien une forte part de biographie, mais assez survolée. On y apprend les points les plus importants de la drôle de vie, un peu décalée et pleine de contradictions de cet homme à la fois si poli et si totalement asocial. Raciste jusqu'au nazisme, phobique mais passant son temps à imaginer les horreurs les plus effrayantes, très pauvre et ne se souciant pourtant jamais de rentabiliser son talent, insolvable et totalement désintéressé, petit blanc miteux mais élitiste, marié mais néanmoins peu sexué...
   
   Ce dernier point est d'ailleurs l'objet d'une polémique avec Stephen King qui a apporté une excellente préface à la réédition. Pour résumer, Houellebecq soutient que rien n'est sexuel chez Lovecraft ainsi qu'il le semble bien à la lecture qu'il nous offre d'un monde sans femmes ou presque, et en tout cas, sans libido ; tandis que King lui répond qu'au contraire, tout est sexuel chez cet auteur, ainsi que le montre l'examen au plus élémentaire second degré de ses créations et créatures. Quant à son homosexualité refoulée, Houellebecq se gausse, tandis que King... vous vous ferez votre idée, la mienne étant que Lovecraft était tellement "coincé" que les deux ont sans doute raison. Cette préface apporte un vrai plus au livre de Houellebecq, et n'hésite pas à aller à l'encontre de ce que soutient ce dernier, tout en l'assurant de son estime. Ces deux points : vrai plus et contradiction, sont quand même rares dans le monde de la préface en France... Ceci dit, ce pour quoi cette PRÉface reste classique, c'est qu'il vaut mieux la lire après, en POSTface.
   
   Ainsi que le titre l'indique d'entrée de jeu sans ambiguïté, dans cet ouvrage, l'auteur a choisi d'examiner la vie et l’œuvre de Lovecraft sous l'angle de sa profonde incapacité à vivre, à s’adapter à son monde et en même temps, sans doute tout autant à d'autres mondes. Il est dans un sens un être non viable, socialement, mais aussi au sens strict, il mourra jeune, d'un cancer des intestins. Il ne digérait pas les aliments, le monde, la vie...
   
   En ce qui me concerne, la biographie donnée ici était suffisante, elle me fournissait ce que j'avais besoin de savoir. Si vous désirez entrer dans les détails, mieux vaut sans doute un autre ouvrage, si vous en trouvez car ce n'est pas si courant. Et les réflexions de M. Houellebecq, que je les fasse miennes ou non, m'ont beaucoup intéressée. Donc, oui, je conseille vraiment ce court ouvrage car il permet de tout de même mieux comprendre ce qu'a fait ce drôle d'auteur autour duquel s'est créé un vrai mythe et dont on ne peut lire la production sans être curieux du personnage qui se cache derrière.
   
   « De ses voyages dans les terres douteuses de l'indicible, Lovecraft n'est pas venu nous rapporter de bonnes nouvelles »...



978-2290028537

15 mai 2020

Alfred E. Van Vogt. Parcours d'une œuvre 
Joseph Altairac
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J'ai acheté ce livre parce que Van Vogt m'intéresse et que j'avais beaucoup apprécié la bio de Wells par cet auteur, mais il n'en est pas de même de ce "Van Vogt".
Tour d'abord, ce n'est pas une biographie (comme le titre l'indique d'ailleurs: "Parcours d'une œuvre"), je n'y avais pas assez prêté attention, j'ai eu tort, car ce qui m'aurait intéressé, c'est bel et bien une bio de Van Vogt. Ce livre m'a donné l'impression qu'il avait eu une vie guère plus passionnante que celle d'un bureaucrate, alors, vrai ou faux?
Joseph Altairac passe surtout beaucoup de temps et de pages à s'intéresser au fond scientifique des fictions de Van Vogt. Pile ce qui ne m'intéresse pas du tout. C'est ballot! Dans les romans de SF, je saute toujours les chapitres d'explications pseudo scientifiques, sachant très bien que cela ne mène à rien, et voilà qu'ici, on ne me parle que de ça (pour me dire d'ailleurs que... ça ne mène à rien).
Bref, me suis forcée à aller au bout parce que ça ne fait que 100 pages (mais l'air d'en avoir le double).
Un malentendu.
Néanmoins suivi d'une bibliographie pleine d'informations qui elle, vaut le coup d'œil. En fait, elle justifierait même l'achat du volume par tous ceux qui s'intéressent à la production de Van Vogt.

"Les lecteurs ne comprennent rien à la théorie de la relativité? L'auteur non plus. Mais ces histoires de distorsions spatio-temporelles sont tout de même bien séduisantes. Pourquoi n'imaginerait-il pas lui aussi, se substituant aux scientifiques, des lois physiques bizarres, plus déroutantes encore que les vraies?"


"Aussi, les conditions idéales pour la chasse à l'idée de SF sont-elles une teinture superficielle de connaissances et une profonde ignorance, en même temps qu'un cerveau agile. Il faut lire les pages scientifiques dans les mêmes journaux que ses lecteurs et n'en pas savoir plus."