23 août 2021

Le club des incorrigibles optimistes  

de Jean-Michel Guenassia

*****

Prix Goncourt des lycéens 2009

Le titre est plus gai que l'histoire

Quatrième de couverture

"Michel Marini avait douze ans en 1959, à l'époque du rock'n'roll et de la guerre d'Algérie. Il était photographe amateur, lecteur compulsif et joueur de baby-foot au Balto de Denfert-Rochereau. Dans l'arrière-salle du bistrot, il a rencontré Igor, Léonid, Sacha, Imré et les autres, qui avaient traversé le Rideau de Fer pour sauver leur peau, abandonnant leurs amours, leur famille, trahissant leurs idéaux et tout ce qu'ils étaient. Ils s'étaient retrouvés à Paris dans ce club d'échecs d'arrière-salle que fréquentaient aussi Kessel et Sartre. Et ils étaient liés par un terrible secret que Michel finirait par découvrir. Cette rencontre bouleversa définitivement la vie du jeune garçon. Parce qu'ils étaient tous d'incorrigibles optimistes. Il manifeste un naturel épatant pour développer une dispute à table, nous faire partager les discussions entre un Russe communiste et un Hongrois antistalinien."

La première réflexion, une fois tournée la dernière page, est que j'ai vraiment passé d'excellentes heures avec ce roman dont les plus de 700 pages ne m'ont jamais paru trop longues. C'est que l'imagination de J-M Guenassia est suffisamment vigoureuse pour les approvisionner toutes de peintures, d'aventures, de réflexions et de découvertes les plus diverses. A travers le récit de toutes ces vies peu paisibles et pleines de drames et de passions, ainsi que de la sienne propre, le jeune héros nous fait découvrir toute l'histoire du 20ème siècle de cette Mitteleuropa qui y fut si agitée. C'est d'une part le monde des Français de métropole et celle des Pieds-Noirs qu'il nous montre, du côté de sa famille. Et du côté du café de lycéens qu'il fréquente (ça se faisait alors, cela ne se fait plus je crois) le monde des émigrés russes (les blancs, les rouges), tchèques, polonais, roumains, hongrois... j'en oublie peut-être, exilés plus ou moins volontaires, pauvres, nostalgiques, et tous jouent aux échecs (ce qui est communément considéré comme un signe d'intelligence). 

Michel pourtant, lui, joue aussi -et mieux- au baby-foot, c'est qu'il va nous présenter de son côté cette génération qui connaîtra tant de bouleversements sociétaux et arrivera bientôt à 1968... Ah ! On revoit le vieux Teppaz, les jukebox, les pions (espèce disparue il me semble et on se demande pourquoi il y a du chahut dans les collèges...) 

Ce roman étonne par la richesses et le nombre des univers mis en place. Il comble le lecteur le plus gourmand.

On aurait pu envisager que J-M Guenassia, pour son second roman, reprenne le personnage de Michel en le faisant vieillir un peu pour nous le présenter justement en 1968, mais cela aurait été très casse-gueule car il aurait dû le situer parmi les clivages politiques de l'époque et s'enliser dans ces sectarismes exacerbés qui n'ont plus de sens aujourd'hui tout en gardant leur pouvoir toxique. Le lecteur de notre 21ème siècle n'aurait pu l'y suivre de bon cœur. Heureusement, le second roman est tout autre, mais on y retrouve notre Europe de l'Est dont l'auteur semble tout connaître .

Citation : Famille

« On ne raconte pas aux enfants ce qui s'est passé avant eux. D'abord ils sont trop petits pour comprendre, ensuite ils sont trop grands pour écouter, puis ils n'ont plus le temps, après c'est trop tard. »

978-2253159643

20 août 2021

 

Le voyage de l’éléphant 

 de José Saramago

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Bavard et plaisant

Roman historique

Comme l’auteur l’explique lui-même en épilogue, sa rencontre avec une lectrice de portugais à l’université de Salzbourg a donné naissance à ce livre. Elle lui raconta l’aventure historique de cet éléphant qui fit "à patte", au XVIème siècle, le voyage de Lisbonne à Vienne et il se sentit inspiré par ce récit. Il la chargea de la documentation et se lança dans l’écriture de ce qui allait devenir "Le voyage de l’éléphant".

Salomon est un éléphant d’Asie qui réside à Lisbonne au moment où nous faisons sa connaissance car il est la propriété de roi du Portugal Dom João III. Devant un cadeau à Maximilien d’Autriche et désirant que celui-ci soit marquant, Dom João décide de lui offrir son éléphant, animal si rare en ces contrées que nombreux seront, en cours de route, ceux qui ne soupçonnaient même pas qu’une telle bête pût exister. (C’était ça ou une custode et apparemment le critère d’encombrement n’a pas joué). Maximilien accepte le cadeau et Salomon quittera donc Lisbonne pour rejoindre d’abord l’archiduc à Valladolid, puis Vienne en sa compagnie. Il sera accompagné de son cornac -qui sera le personnage que nous suivrons plus particulièrement tout au long de ce périple- et aura ainsi l’occasion de vivre quelques aventures et de rencontrer plusieurs formes de vies humaines et modes de pensée que nous observerons avec lui.

Nous retrouvons ici l’écriture de José Saramago, sa ponctuation particulière et l’absence des majuscules aux noms propres, sans que cela pose de réel problème de lecture, même au début. L’auteur a choisi de nous conter cette histoire sur le mode du bavardage prolixe. Le ton est léger, facile, il accroche bien son lecteur-auditeur (car on a plutôt l’impression d’écouter quelqu’un nous raconter une histoire) et surtout, tout le récit baigne dans un humour bon enfant tout à fait plaisant.

C’est pourquoi j’ai lu ce roman historique –car je le rappelle toute la documentation est réelle et l’auteur ne s’est pas permis de fioritures- avec facilité et sans bouder la tâche. Cependant, je dois dire, arrivée au terme de cette lecture, que l’histoire n’est pas vraiment passionnante. La fidélité à la vérité historique nous a privés sans aucun doute de mille aventures plus palpitantes. C’est bien, agréable à lire, intelligent et intéressant, mais je n’irai pas jusqu’à "passionnant".

C’est à vous de voir si vous vous sentez tentés.


Extraits pour vous donner un avant-goût de cet humour qui fonctionne par le regard que cela implique, posé sur les choses:

"La saleté qui l’avait recouvert auparavant et qui empêchait presque de voir sa peau avait disparu sous l’assaut conjugué de l’eau et du balai, et salomon s’exhibait maintenant aux regards dans toute sa splendeur. Assez relative, tout bien considéré. La peau de l’éléphant asiatique, et celui-ci en était un, est grossière, moitié grise moitié couleur café, parsemée de mouchetures et de poils, une déception permanent pour lui-même, malgré les conseils de résignation sempiternellement répétés selon lesquels il devait se contenter de ce qu’il avait et en rendre grâce à vishnou. Il s’était laissé laver comme s’il attendait un miracle, une sorte de baptême, et le résultat était là, mouchetures et poils." (p. 19-20)


" … encore qu’il fut plus qu’évident que la panse de la statue ne serait pas assez spacieuse pour contenir fût-ce une escadre d’infants, sauf s’ils étaient lilliputiens, chose impossible puisque ce mot n’existait pas encore. " (p.172)


"Il est difficile de comprendre que dans une région aussi accidentée, où abondent de vertigineuses chaînes de montagnes se chevauchant les unes les autres, il ait encore été nécessaire de découper les cicatrices profondes le l’isarco et du brenner* au lieu d’aller les placer dans d’autres endroits de la planète, moins richement pourvus en biens de la nature, où le caractère de ce stupéfiant phénomène géologique serait susceptible, grâce à l’industrie du tourisme, d’améliorer matériellement la vie modeste et résignée des habitants." (p.201)


* cols des Alpes


 978-2757819562

17 août 2021

Lulu femme nue 

 Second livre

d' Etienne Davodeau

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Bande dessinée

Diptyque 

Le ver est toujours dans le fruit

D'abord, un coup de chapeau au dessin, toujours excellent, aquarelles en complémentaires ocre et bleu, traits de plume fins et précis.

Ce sont les amis et la fille de Lulu qui, depuis le début, racontent son histoire et c'est par leur yeux et leurs témoignages que nous la découvrons. Ils nous l'ont racontée. Ce second livre (à ne pas lire si vous ne connaissez pas encore le premier) suit Lulu qui, ne s'étant pas encore sentie capable de rentrer, a décidé de prolonger un peu son escapade. Car c'est bien d'une escapade qu'il s'agit. Elle sait -et dit- depuis le début, qu'elle va revenir, mais elle a besoin de souffler avant. Mourant de faim, Lulu fait le pire choix possible et attaque une vieille dame à un guichet de banque automatique ! Bien sûr, elle ne peut mener à terme cet acte insensé mais elle entame ainsi la deuxième escale de son périple.  

Lulu va faire de nouvelles rencontres et, bien consciente du fait qu'elle ne peut laisser indéfiniment ses enfants à eux mêmes, tente de se préparer au retour. Son mari qui ne dessoûle pas a néanmoins trouvé sa trace dans son escale du premier livre mais n’en a guère tiré de bénéfice. Il n'envisage pas une minute de se débrouiller (même temporairement) sans elle, non parce qu'il l'aime, mais parce qu'il en est matériellement incapable.

Je n'ai pas aimé la fin qu'Etienne Davodeau donne à cette histoire et j'en ai été déçue. Je vais m'en expliquer dans les lignes suivantes, mais comme il me faut pour cela dévoiler la chute, je prie ceux qui ne veulent pas la connaître avant de la lire eux-mêmes, de ne pas me lire plus avant.

Voilà, attention spoiler :

Après cette seconde étape, Lulu rentre chez elle et retrouve son épave égocentrique et alcoolisée de mari et, aidée de ses amis, parvient à se convaincre que maintenant, elle peut reprendre cette vie avec lui et qu'il fera (peut-être) un effort tandis qu'elle (soulagée par cette évasion) pourra s'en accommoder. C'est comme si après avoir tout bien nettoyé autour de la tumeur mais sans l'enlever, votre chirurgien vous racontait que maintenant vous allez très bien pouvoir vivre avec elle. Le lecteur -la lectrice en tout cas- n'y croit pas une minute et se demande bien ce qu'on est en train de lui annoncer-là ! Il est clair au contraire qu'un des deux devait être sacrifié et ce sera Lulu. Comme d'hab'.

PS : On a tiré un film de cette BD... Je n'ai encore jamais vu de film réussi tiré d'une BD mais cela n’empêche pas d'espérer, n'est-ce pas ?

9782754801034


16 août 2021

 Lulu femme nue 

Premier livre

d' Etienne Davodeau

*****

Bande dessinée

Diptyque 

Histoire en deux volumes, cette « Lulu femme nue » est la présentation par un homme (Davodeau) d'une problématique féminine. Son empathie va loin au demeurant et est très honnête et bien réussie, sauf pour la fin, mais nous y reviendrons.

Lulu commence à vieillir et n'a jamais été belle. Elle a élevé trois enfants dont l’aînée a quinze ans et voudrait bien retrouver le monde du travail. Seulement, des mères de trois enfants qui n'ont jamais vraiment travaillé et en tout cas plus depuis quinze ans, le marché de l'emploi n'en manque pas et c'est bien dommage parce que justement, il n'en veut pas. Aussi l'entretien d'embauche qui ouvre le premier album se termine-t-il sans illusions. Mais, démoralisée, à la sortie, Lulu décide de ne pas prendre tout de suite le train du retour mais plutôt de s'accorder un peu de vacances. Elle n'a pas envie, immédiatement après cette porte fermée à son nez, de replonger dans sa vaisselle, son ménage et un époux tyran domestique, buveur, exigeant et peu aimant. Elle a besoin de souffler. Alors, sans plus de projets, elle prend une chambre d’hôtel, minable, car chez Davodeau, les personnages sont bel et bien aux prises avec les soucis matériels et ici, tout du long de l'histoire, Lulu n'aura pas un sou et les gens qu'elle rencontrera, guère plus. C'est une des grosses qualités de ces histoires.

Donc, Lulu part. Elle va voir la mer, dort sur des bancs, a froid, puis rencontre un homme avec lequel elle s'autorise une jolie « brève rencontre ». De son côté, son mari, bien évidemment incapable de faire face à quoi que ce soit, s'empresse de se laisser sombrer sans s'occuper de ses enfants, histoire de bien prouver à quel point elle est méchante de l'avoir abandonné (mais sans oublier toutefois de bloquer la carte bancaire qu'elle détient, histoire qu'elle ne risque pas d'avoir un sou).

A la fin de ce premier livre, Lulu, que la réalité a un peu rattrapée, quitte son amour éphémère mais, ne se sentant pas encore prête à rentrer au bercail, repart un peu plus loin.

Les dessins, l'histoire, les personnages, tout est beau et sonne vrai. Pas de romantisme échevelé, pas de grands sentiments, un réalisme scrupuleux qui soutient une vraie sincérité dont le graphisme se fait l'écho.

J'ai tout aimé ici.

(La suite demain)


978-2754801027 

13 août 2021

 

French exit 

de Patrick deWitt

****


Réservé à ceux qui aiment les récits déjantés, ce roman est à aborder comme un conte. Ne pas rechercher la vraisemblance, ne pas achopper sur les étrangetés psychologiques ou autres, ne même pas réfuter le fantastique, tel est le mot d'ordre. J'ai choisi ce livre à la bibliothèque parce que

1° la couverture attire l’œil

2° je n'avais encore jamais lu Patrick deWitt

3° j'ai un a priori de confiance vis à vis des productions Actes Sud.

Bilan, je n'ai pas été percutée par une révélation, mais j'ai néanmoins passé un très bon moment de détente, d'où mes quatre étoiles.

Voici de quoi il s'agit : Frances Price, veuve richissime, incroyablement égoïste et iconoclaste, vit à New York avec son fils - petit gros velléitaire et néanmoins, parce qu'on le plaint, un peu sympathique-, et son chat noir baptisé Small Frank parce qu'il est la réincarnation de son mari Franck Price, avocat véreux mais excessivement efficace et en conséquence, devenu très riche. A l'instant où nous faisons leur connaissance, il ne reste plus rien de la fortune qui leur permettait un mode de vie ahurissant. Frances a réussi l'exploit de tout claquer. Elle se retrouve même carrément à la rue et c'est pourquoi sa seule amie, Joan, lui prête un appartement qu'elle a à Paris. Mère, fils et chat embarquent sur un paquebot pour la France, et nous avec eux. Tout au long de ce voyage et de leur séjour à Paris, ils seront amenés à rencontrer des gens bizarres qui, aimantés par leur mode de vie encore plus bizarre, s'adjoindront à la cellule initiale. Tout cela finira mal, ou bien, selon l'angle sous lequel on regarde les choses, mais pas sans avoir surpris et amusé ceux qui auront accepté d'être du voyage et de jouer le jeu.


(Le médecin de bord sur le paquebot) :

"Un corps par jour. C'est la moyenne quand on traverse l'Atlantique. J'ai une théorie: ils s'embarquent pour une croisière parce qu'ils savent inconsciemment qu'ils sont en train de mourir. Un instinct antique nordique, peut-être."


978-2330137113



10 août 2021

 Un gentleman à Moscou  

d' Amor Towles

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Quatrième de couverture :

« Au début des années 1920, le comte Alexandre Illitch Rostov, aristocrate impénitent, est condamné par un tribunal bolchévique à vivre en résidence surveillée dans le luxueux hôtel Metropol de Moscou, où le comte a ses habitudes, à quelques encablures du Kremlin. Acceptant joyeusement son sort, le comte Rostov hante les couloirs, salons feutrés, restaurants et salles de réception de l’hôtel, et noue des liens avec le personnel de sa prison dorée   – officiant bientôt comme serveur au prestigieux restaurant Boyarski –, des diplomates étrangers de passage – dont le comte sait obtenir les confidences à force de charme, d’esprit, et de vodka –, une belle actrice inaccessible – ou presque ­–, et côtoie les nouveaux maîtres de la Russie. Mais, plus que toute autre, c’est sa rencontre avec Nina, une fillette de neuf ans, qui bouleverse le cours de sa vie bien réglée au Metropol.

Trois décennies durant, le comte vit nombre d'aventures retranché derrière les grandes baies vitrées du Metropol, microcosme où se rejouent les bouleversements la Russie soviétique. »

Une lecture plaisante qui nous montre les coulisses d'un palace moscovite et nous donne une vision décalée des bouleversements survenus à l'extérieur de 1922 (date de l'assignation à résidence du Comte Rostov) aux suites de la mort de Staline.

« Le comte regarda une dernière fois les quelques biens de famille qui restaient, puis les chassa de son cœur à jamais. »  C'est ainsi que se tournent les pages de la vie d'Alexandre Rostov et nous allons avec lui passer les différents chapitres sans nous ennuyer un instant. Le devise du comte est qu' « il devait maîtriser le cours de sa vie s'il ne voulait pas en devenir le jouet. » Comprenez, quelles que soient les situations qui lui sont imposées, se former un projet et s'y tenir. Ce qu'il fera toujours. Au fil des décennies, il apparaît d'ailleurs évident que cet hôtel-prison est aussi une protection qui le met à l'abri des évènements terribles qui se passent à l’extérieur. « Qui aurait pu deviner, Sasha, quand tu t'es retrouvé assigné à résidence au Metropol il y a des années de cela, que tu venais de devenir l'homme le plus verni de toute la Russie ? » lui dit son ami. C'est sans doute un peu exagéré car une détention reste une détention et l'horizon du comte s'est trouvé extrêmement restreint pendant la majeure partie de sa vie. Il n'en reste pas moins vrai qu'il y a risque mortel à l'extérieur et qu'il en est protégé. Il n'a (et nous avec lui) que les échos assourdis de ce qui se passe à Moscou et dans toute la Russie durant ces années-là.


Une lecture agréable donc, sans grande ambition mais suffisamment intéressante pour nous faire avaler sans douleur les 573 pages du volume, quoique vers la fin, avant la chute, cela se dilue un peu et que je n'aie pas vraiment apprécié la chute à rebond dont je ne peux pas vous parler davantage sans spoiler. D'ailleurs, l’intérêt du livre est dans le récit bien plus que dans sa conclusion.


Extraits:
"Les bonnes manière, Nina, ce n'est pas comme les bonbons. Tu ne peux pas choisir ceux qui te plaisent le plus; et surtout, tu ne peux pas remettre dans la boîte ceux que tu as à moitié croqués."


"Que ce soit au terme de longues méditations inspirées par des livres et des débats animés autour d'un café à deux heures du matin, ou simplement parce que notre inclination nous y porte, nous finissons tous par adopter un cadre théorique, un système raisonnablement cohérent de causes et de conséquences qui nous aidera à comprendre non seulement les évènements importants, mais aussi toutes ces petites actions et réactions qui composent notre vie quotidienne - qu'elles soient délibérées ou spontanées, inévitables ou imprévues.""


Et pour ceux qui jugent les gens en une minute:
"De par leur nature même, les êtres humains sont tellement capricieux, complexes et délicieusement contradictoires qu'ils méritent non seulement un examen de notre part, mais également un réexamen - ainsi que notre engagement ferme à réserver notre opinion tant que nous n'avons pas eu affaire à eux à des endroits et des moments aussi divers que possible."

  • Éditeur ‏ : ‎ Fayard (22 août 2018)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 576 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2213704449
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2213704449


07 août 2021

  Une tentative d'autobiographie 

Découvertes et conclusions d'un cerveau très ordinaire

de Herbert George Wells

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Ecrit entre 1932 et 1934, alors que l'auteur a de 66 à 68 ans, et donc, 12 ans avant sa mort, cet ouvrage n'a pas été réédité en français depuis 1936 ce qui, disons-le, est une honte. On le trouve encore chez les soldeurs.

Sa carrière est faite et c'est avec une grande et simple franchise, qu'il raconte ce que fut sa vie. Wells a choisi de s'y exprimer dans un style particulièrement naturel, ce qui fait que pénétrer dans ce livre, c'est comme avoir une très longue discussion avec un vieil ami qui vous raconterait son passé. Je m'y suis immergée des heures sans le moindre ennui, et toujours avec cette impression de vraie rencontre amicale. Bien évidemment, il ne se contente pas de dévider platement une succession d'évènements avec leurs dates, ni même d'ailleurs de vous faire connaître son état d'esprit à ce moment-là. Bien souvent son discours dévie (je ne dirais pas s'égare, car ce serait faux) vers d'autres sujets. L'occasion amènera à développer ses idées sur les thèmes les plus divers.

Or, par chance, H.G. Wells est un homme très intelligent et à l'esprit original et libre. C'est ce qui fait accessoirement que je l’apprécie tant, mais c'est surtout ce qui fait ici que cet ouvrage soit si intéressant et agréable à lire. Il a choisi de faire la part belle à ses rencontres féminines – ce qui est à l'image de sa vie. Mais évoque également la genèse de sa pensée et de sa philosophie de la vie. Ce qui a toujours rendu les romans de science-fiction de Wells si passionnants, c'est qu'ils prenaient racine dans une vision sociale et politique du monde et de son évolution ; et cette vision était toujours portée vers le futur. L'imagination envisageant sans cesse les diverses possibilités d'évolution, et ce, pas seulement pour ses romans, mais parce que c'était ainsi qu'elle fonctionnait toujours. Il développe ses idées à ce sujet, d'autant qu'il a consacré une bonne part de son énergie à les faire entendre. Il avait une vision, et, pourrait-on dire, un projet de monde meilleur et même une idée assez nette de la façon dont on pourrait l’atteindre. Et même s'il s'était irrémédiablement égaré dans la gestion des exclus de ses sociétés idéales, il y croyait encore au moment où il a écrit ces pages. Ce n'est qu'avec la seconde guerre mondiale qu'il a perdu son optimisme à ce sujet...

Lisez-le, vous ne serez pas déçu. Quant à son sous-titre de "cerveau très ordinaire", n'y voyez que coquetterie, ce n'est pas ce qu'il pensait vraiment, ne serait-ce déjà que pour sa mémoire

9782070266500


04 août 2021

 H.G. Wells 

de Laura El Makki

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Se lit comme un roman

   Comme H.G. Wells est un auteur qui m'intéresse beaucoup, c'est tout naturellement que j'ai également voulu lire les biographies qu'on lui avait consacrées. J'ai ainsi lu celle-ci de Laura El Makki, ainsi que celle de Joseph Altairac, avant de passer à l'auto-biographie pour laquelle Wells lui-même a rédigé 520 pages sous le titre modeste de "Une tentative d'autobiographie". Trois ouvrages extrêmement différents dont je vous parlerai ici. 

       Cette biographie d'un des pères de la science-fiction, se lit absolument comme un roman. Le ton en est le même, ainsi que l’intérêt. C'est vrai que notre Herbert George ne s'est guère ennuyé dans sa vie et qu'on ne s'ennuie donc pas en la lisant. Pas de jugement. Point trop d'analyse des états d’âme supposés ; du circonstanciel, voilà ce que nous offre L. El Makki, chose que j'apprécie beaucoup. 

       Suivant l'ordre chronologique, depuis son enfance très pauvre jusqu'à son succès et sa mort dans l'opulence après avoir côtoyé les plus grands, et la reconnaissance universelle (malgré une légère baisse bien normale sur la fin), nous suivons pas à pas le cheminement de cette existence captivante. Cela m'a fait penser à l'excellente biographie de Philip K. Dick par Lawrence Sutin*. En premier lieu parce qu'on retrouve chez les deux hommes cette extraordinaire puissance imaginative qui fait que le problème de l'inspiration ne s'est jamais posé pour eux. Ils avaient beaucoup plus d'idées de récits que de temps pour les écrire, d'où, l'avalanche de nouvelles et autres short stories. J'apprécie ces auteurs-là, c'est pourquoi, quand j'entends un auteur se plaindre de la page blanche, j'ai juste envie de lui demander pourquoi il se met devant, dans ce cas là. Mais pour en revenir à ma comparaison, Wells a eu une reconnaissance officielle que ce pauvre Dick n'a jamais connue. Et à la différence de P.K. Dick il a voulu plus, il a voulu agir sur son temps en faveur du progrès, il a voulu être un chercheur de vie meilleure, une sorte de guide. Il croyait très fort avoir ce rôle à jouer non plus dans la fiction, mais dans le monde réel. 

       Wells a été un homme très intéressant, avec plein de défauts (racisme) et encore plus de qualités (intelligence, désir de changer le monde, de diffuser l'éducation, de créer une société meilleure etc.), avec ses errements, ses erreurs, ses corrections, ses changements d'opinion, sa réactivité au monde, ses passions, ses désirs et sa capacité à payer le prix pour les assouvir. Il a mené une vie bien remplie et j'ai passé un excellent moment en sa compagnie. Vous devriez faire sa connaissance. 

       Dans quelques jours, je vous parle de l'ouvrage de Joseph Altairac, lisez celui-ci, en attendant. 

    

   * "Invasions divines"


978-2070462308

01 août 2021

Le grand jeu  

de Céline Minard

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Une femme puissante

Céline Minard aime changer de genre. Ses romans successifs s'apparentent tous à des genres différents. C'est peut-être cela, son « grand jeu » à elle : vérifier son talent sur ses diverses facettes.

Le récit est fait à la première personne par une jeune femme qui nous raconte ce qu'elle vit, et ce qu'elle vit est une aventure absolument hors du commun. Elle a conçu une sorte de capsule extrêmement bien aménagée, dotée des technologies de pointe, et qu'elle a fait fixer à la paroi abrupte de la portion de montagne qu'elle a achetée. Cette capsule lui fera un habitacle réduit mais confortable et sûr. Elle compte y passer plusieurs mois, absolument seule.  

Si elle est venue ici, c'est parce que selon elle, lorsqu'on vit en société, on est sûr de croiser chaque jour "un ingrat, un envieux, un imbécile" et que les relations humaines sont forcément basées sur la menace ou la promesse. Elle veut, même si elle y retourne plus tard, réfléchir sur cette problématique et découvrir en elle seule, ce qui lui permettra de guider sa vie sur une ligne juste et justifiée.

"Qu'est-ce que je fous là ? De quel genre relève (cette) activité (…) ? Un loisir ? Une occupation contemplative, sportive, mentale ? Une expérience ? Une pratique de détachement ?"

 Evidemment, tout cela à la fois. Déstabilisée par une expérience dont on ne saura rien, notre narratrice est maintenant à la recherche d'un sens, ou du moins, d'un but. Elle cherche à reconnaître le pur et le vrai de la vie, sans se laisser influencer par des relations humaines en particulier "Je m'exerce et cherche à savoir si l'on peut vivre hors jeu, en ayant supposé qu'on le peut et que c'est l'une des conditions requises pour obtenir la paix de l'âme."

Elle s'installe donc au moins, s'installe un potager et explore son territoire. Malheureusement, aussi invraisemblable que cela soit, elle y découvre bientôt un intrus, une sorte d'ermite complètement sauvage, avec qui aucun dialogue ne semble possible, mais qui est bien là, et pour le coup, complètement insensible aux lois normales de relations humaines quelles qu'elles soient.

C'est un livre magnifique mais aride. Les faits sont strictement décrits, pas de pathos, les réflexions sont passionnantes mais complexes. C. Minard n'use pas de ces séductions plus ou moins subtiles grâce auxquelles les écrivains se lient leurs lecteurs. C'est straight. Pas de facilités, pas plus de bienveillance que d'hostilité, rien qu'une quête exigeante droit devant. Merci pour cela. Toutes ces questions qu'elle se posait, le lecteur se les pose en même temps, partage ou non la progression de sa pensée, progresse lui aussi sur sa voie tendue comme le fil d'un équilibriste au dessus du vide. Et j'ai marché avec elle d'un bout à l'autre.

978-2743645908

29 juillet 2021

 Un dieu un animal 

de Jérôme Ferrari 

****+


Quatrième de couverture:

"Un jeune homme a pris la décision de quitter son village natal pour aller, revêtu du treillis des mercenaires, à la rencontre du désert qu’investirent tant d’armées, sous des uniformes divers, après le 11 septembre 2001. De retour du checkpoint où la mort n’a pas voulu de lui, ce survivant dévasté est condamné à affronter parmi les siens une nouvelle forme d’exil. Il se met alors en demeure de retrouver la jeune fille de ses rêves d’adolescent, mais cette dernière semble avoir disparu sous les traits d’une jeune femme désormais vouée corps et âme à son entreprise…

Requiem pour une civilisation contemporaine médusée par les sombres mirages de la guerre comme par la violence inouïe de l’horreur économique, cérémonie cruelle et profane qu’illumine l’ardente invocation d’un improbable salut, «Un dieu un animal» retentit des échos du chant bouleversant que fait entendre une humanité crucifiée sur l’autel de la dépossession." (Actes Sud Babel)


Un jeune homme, rebelle de toujours, a quitté le village pour vivre la vie de soldat puis -pas assez tonique- de mercenaire. Il a entraîné son ami d'enfance; mais tout a assez vite très mal tourné et le voilà de retour dans un village qui ne l'attendait pas (sauf ses parents, mais il ne s'en rend pas compte). 

Il ne se retrouve pas, il ne s'y retrouve plus. Il n'a jamais trouvé sa place ici et il a vu qu'il ne la trouvait pas non plus ailleurs où il a de plus reçu trop de traumatismes dont il réalise peu à peu la profondeur et l'inguerissabilité. 

Il y a cependant dans son court passé un moment où le bonheur et l'équilibre lui ont paru à portée de main, et c'était à l'occasion d'un flirt adolescent avec une "vacancière". De son côté, celle-ci s'est engagée dans un tout autre combat, moins sanglant mais tout aussi dévoreur d'âme... 

Sont-ils la solution l'un pour l'autre? Y a-t-il une solution?

Ces cent pages d'un seul souffle sont par ailleurs un haut moment de qualité littéraire. C'est admirable. On ne trouve pas souvent un tel niveau. Pour ce qui est de l'émotion, il m'a fait pleurer, ce qui n'arrive quasiment jamais. 

Reste cependant, une obscure dimension mystique, d'ailleurs évoquée dans la fin de la quatrième de couverture citée plus haut et qui m'a totalement échappé. Je suis imperméable à tout sentiment mystique, tout comme Jérôme Ferrari ne pouvait exprimer ce qu'il voulait dire sans recourir au mysticisme. Vous verrez ce qu'il en est pour vous, mais c'est vraiment une œuvre à lire.


"... il ne savait plus s'il était un animal ou un dieu et tu as ouvert des yeux immenses quand ele s'est penchée vers toi pour te confier, mais vous êtes les deux, capitaine, vous êtes les deux (...)"


"Peut-être faut-il laisser mourir ce qui meurt et en détourner le regard."


"Si durement qu'on juge le monde, on n'en est jamais qu'une partie et il faut l'accepter car, hors du monde, il n'y a rien, nul repos, nulle bonté, nulle échappatoire, et on ne peut pas s'enfuir hors du monde."


‎ 978-2330006549


26 juillet 2021

Nul n'est à l'abri du succès 

de Pascal Garnier

****


… ni du naufrage

Ce roman de Pascal Garnier diffère un peu de nombreux autres dans la mesure où le personnage principal n’est pas un vieillard qui doit affronter sa mort prochaine. Il a juste la cinquantaine, il boit beaucoup trop, ses vies sentimentale, familiale et professionnelle sont des fiascos et il est toujours fauché.

Il est écrivain. Il n’a écrit que de petits romans sans ambition et puis, parce que "nul n'est à l'abri du succès", il se voit soudain décerner un prix (on ne saura jamais lequel), inviter sur les plateaux de télévision, et ses ventes explosent. Il devient riche, achète une belle maison et le directeur de sa banque désire être son ami. Au même moment, il vit un amour inespéré. Bref, une existence idyllique a remplacé la galère, si ce n’est dans le domaine de la picole, mais ça, c’est plus facile à attraper qu’à lâcher.

Et donc, alors que tout va tellement bien, notre auteur décide de s’offrir une dernière virée en compagnie de son dealer de fils… et va s’apercevoir que si on peut tout gagner rapidement et comme par hasard, on peut aussi tout perdre de la même manière.

Ecrit par Pascal Garnier alors qu’il avait lui-même la cinquantaine et ne s’était pas encore vu décerner de prix littéraire notable, ce roman fut celui qui lui valut son premier : le prix du festival Polar dans la ville 2001. Il est d’ailleurs écrit à la première personne, ce qui n'est pas habituellement le cas. Sans doute une rêverie avant réalisation, une variation sur le thème de ce qui pourrait arriver s’il obtenait un Prix.

C’était un signe non ? Pourtant, moi qui apprécie beaucoup l’œuvre de Pascal Garnier, je ne trouve pas que ce roman soit l’un de ses meilleurs, du moins dans sa première partie que j’ai trouvée pleines de lieux communs, de formules passe-partout et d’aphorismes humoristiques déjà entendus ailleurs. Heureusement, cela s’améliore constamment ensuite jusqu’à faire oublier ce début discutable. A partir de l’obtention du prix, tout devient vraiment très bien : le fond et la forme. Si bien que cela vaut largement la peine de le lire et de le conseiller. Soyez patient au démarrage, c’est tout.

« Je ne suis plus moi-même, mais "Je" est un autre et celui-là saura me tirer d’affaire. »

"On a beau savoir qu’on peut mourir n’importe où, on est toujours étonné que ce soit ici et maintenant."

"La solitude, c’est un rêve de riche."


9782843045769


23 juillet 2021

 Le mystère Sherlock

de J.M. Erre

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Erre, candidat sérieux à la chaire d’holmésologie

"Dans ce cas, si Holmes n’est pas Holmes, qui est Holmes?"

Nous sommes en Suisse dans un chalet luxueux mais bien éloigné de tout et difficile d’accès en hiver ; et ce n’est pas sans risquer leurs vies que les holmésiens les plus brillants du monde le rejoignent pour répondre à l’invitation de l’éminent Professeur Bobo qui a une chaire d’ holmésologie à attribuer et compte profiter de ce huis clos pour déterminer qui est le plus apte à occuper ce poste. Pour ce faire, il a convoqué en ce lieu les neuf meilleurs spécialistes du sujet tandis qu’à son insu, une journaliste déguisée en servante est parvenue à s’introduire dans les lieux. C’est elle qui mène le récit par l’intermédiaire de son journal qu’elle tiendra à jour jusqu’au dernier moment. Elle nous montre avec la plus cruelle objectivité les éminents participants et leur mentor, le prestigieux professeur Bobo qui, malheureusement, est complètement gâteux (alors que les autres Gentils Membres ne sont que partiellement atteints).

"Tout avait commencé comme un week-end de détente au milieu d’une troupe de passionnés gentiment fêlés. Je m’étais amusée à observer comment des cerveaux adultes et éduqués pouvaient régresser face au gros lot en jeu, jusqu’à retrouver les gestes et les attitudes des enfants qu’ils avaient été… Et puis nous avons subi l’avalanche et ramassé deux morts."

Car avalanche il y eut, qui recouvrit le chalet et les lieux passèrent de «difficiles d’accès» à «totalement coupés du monde». Au même moment, tout aussi malencontreusement, commencèrent les décès et l’inexorable réduction du nombre des participants… Autant dire que nous ne sommes plus chez Conan Doyle, mais chez Agatha, et que nos dix petits holmésiens n’en mènent pas large.

J.M. Erre manifeste dans le traitement de son roman une plus qu’excellente connaissance du sujet et de la littérature y afférant, aucune page du «canon»* ne semble pouvoir échapper à sa mémoire, aucune variation sur le thème de S.H, aucun écrivain ayant tenté de s’approprier le personnage ne semble lui être inconnu. Et le lecteur, lui-même très probablement holmésien (sinon il ne serait pas là ) – niveau 2 présumé-, a plaisir à reconnaître les évocations et les clins d’œil et à se sentir entre amis.

Ce roman traite son sujet sous deux angles : le comique et l’énigme policière.

Le comique m’a parfois fait sourire, jamais rire, et relève d’un humour dont je ne suis pas très friande (je le trouve lourd).

Par contre, l’énigme policière de type Whodunit est parfaite. Elle se tient très bien et si on y réfléchissait un peu on pourrait parfaitement trouver la (ou les) solution(s) en même temps que ce cher Lestrade, chose que les holmésiens aiment bien dans une histoire policière.

Autre chose encore : on ne peut lire ces évocations des cruelles luttes entre universitaires pour les meilleurs postes sans songer à David Lodge et à ses peintures au couteau de ce milieu.

"Chacun se l’(Holmes) appropriait, se voyait comme le gardien jaloux de sa mémoire, et vivait douloureusement les prétentions des autres à la garde du bébé… C’était une passion qui les habitait, qui les grandissait, qui les faisait vivre.

Mais qui était aussi en train de les détruire."

Tout comme l’on songe aux différents chapitres de «l’art de la fiction» du même Lodge recensant les différentes techniques narratives. Car de même que tous les procédés comiques, J.M. Erre met en œuvre tous les procédés du récit (journal, correspondance, compte rendu, notes etc. et même post-it), cela tient un peu du pari ou de l’exercice de style amusant.

Mais il reste Sherlock. Encore insoumis.

"Au fond, c’est peut-être ça un mythe : un personnage dont le talent dépasse celui de son créateur, un être qui a davantage d’ampleur dans l’imaginaire collectif que dans celui de son géniteur, une figure que des écrivains successifs vont s’approprier dans l’espoir d’être celui qui saura enfin se hisser à son niveau.

Un personnage qui fait naître un auteur et non l’inverse."


* Canon : les quatre romans et cinquante-six nouvelles que Conan Doyle consacra à Sherlock Holmes


978-2266233552